Le taux de réussite à l'examen du baccalauréat de 45% a provoqué une polémique au sein du corps enseignant, des associations et des syndicats, tous déçus par cette baisse de 20% par rapport à l'année précédente. Idir Achour, secrétaire général du Conseil des lycées d'Algérie (CLA) explique ce taux d'échec par l'exclusion, entre autres, des élèves de l'ancien système pédagogique du cycle moyen. Selon lui, la mise en place de la réforme a été précipitée. «Il aurait été plus judicieux de se concerter avec le personnel de l'éducation, notamment le corps enseignant, les inspecteurs et les associations de l'éducation», explique-t-il, précisant qu'avec le nouveau programme, l'élève n'arrive pas à suivre convenablement le fil à travers les cycles, faute de connaissances transitoires. Notre interlocuteur estime que ce problème est la cause principale de cet «échec», mise à part la surcharge du programme en question qui contraint les enseignants à accélérer le rythme afin d'éviter les sanctions appliquées par la tutelle (avertissements, retenues sur salaire…). La pression du ministère de l'Education sur les enseignants influe sur l'enseignant et sur l'acquisition de l'élève. «Nous assistons à un échec et ce, malgré ‘'la souplesse'' des correcteurs qui ont respecté le barème proposé par le ministère et des sujets adressés aux élèves faibles (alors que dans le monde entier, le sujet du baccalauréat s'adresse à un élève moyen )», conclut notre interlocuteur, soulignant qu'au lieu de suivre le système d'évaluation qui détermine les capacités de l'élève, on suit le système de notation. S'ajoute à cela le nombre important d'élèves dans une classe qui varie entre 40 et 55 élèves alors que la réforme visait la réduction du nombre d'élèves (25 élèves par classe au maximum). Messaoud Boudiba, chargé de communication et d'information au Cnapest, préfère parler quant à lui de 55% d'échec causé probablement par une faille réelle dans l'éducation. «Je préfère parler de taux d'échec parce qu'il est inadmissible de dépasser la moyenne, alors que des dispositifs ont été pris», a-t-il souligné, ajoutant qu'une plate-forme fixant les objectifs de la réforme aurait dû être étudiée avant son application. «Nous avons l'impression que l'on travaille pour ‘' jouer'' sur les chiffres et les pourcentages, alors que le plus important est d'améliorer le niveau scolaire de nos élèves et non celui des résultats», conclut notre chargé de communication. Du côté des associations de parents d'élèves Mustapha Taliouine, vice-président de l'association des parents d'élèves du lycée Okba à Bab El Oued (Alger), estime que la baisse du taux de réussite au baccalauréat cette année est dû à plusieurs paramètres, entre autres un programme chargé qui favorise la quantité des données et non leur qualité, ainsi que les perturbations subies par les élèves suite aux grèves. Notre interlocuteur met l'accent également sur l'erreur dans le sujet des mathématiques qui a affecté psychologiquement nombre de candidats, remarquant que les élèves n'ont pas été rassurés durant l'épreuve. «D'ailleurs aucun soutien psychologique n'est réservé aux élèves dans les lycées», souligne-t-il, ajoutant que les associations intervenant dans le secteur de l'éducation n'ont aucun contact avec les directions de l'éducation, vu que les portes de celles-ci leur sont verrouillées.