Les syndicats autonomes de l'éducation nationale et les associations des parents d'élèves ont réagi vivement aux déclarations du ministre de l'Education, Boubekeur Benbouzid, qui affichait jeudi un refus catégorique quant à l'instauration d'une deuxième session pour les candidats au baccalauréat. D'ores et déjà, le CLA projette une action de protestation. Les déclarations de Benbouzid sont venues couper court aux espoirs des parents d'élèves de terminale, inquiets pour l'avenir de leurs enfants. Ces derniers ont dû faire face à une année scolaire mouvementée, marquée par une grève qui s'est étalée sur un mois et demi, déclenchée par les formations syndicales du secteur. Contacté par nos soins, Achour Idir, porte-parole du Conseil des lycées d'Algérie (CLA), estime que la décision du premier responsable du secteur «renseigne sur le peu d'intérêt qu'il porte aux élèves». Selon lui, le plus important pour le ministère «c'est de minimiser les dépenses, même si cela se fait au détriment des élèves». M. Idir rappelle que son syndicat a toujours plaidé pour l'instauration d'une deuxième session permanente de l'examen du bac car, dira-t-il, «on ne peut pas évaluer l'élève à travers un seul examen». Il évoque dans ce cadre plusieurs conditions qu'il faut prendre en considération, notamment l'état psychologique de l'élève. «Il y a de brillants élèves qui échouent au baccalauréat à cause du trac et du stress. C'est pour cela que nous avons appelé à intégrer la deuxième session dans la réforme du système éducatif.» Pour le CLA, l'année scolaire 2009-2010 a été un échec total et le programme scolaire d'ici au 25 mai, date de l'arrêt des cours pour les classes de terminale, ne sera réalisé qu'à hauteur de 40 à 45%. D'où la nécessité d'offrir aux candidats du baccalauréat une deuxième chance au mois de septembre. Et pour convaincre la tutelle, le syndicat se dit prêt à organiser des actions de protestation communes avec les associations des parents d'élèves, afin d'arracher cette deuxième session. «Nous avons toujours lutté pour la sauvegarde d'une école publique de qualité et les droits à caractère socioprofessionnel des élèves et des enseignants», ajoute-t-il. Evoquant les cours de rattrapage, M. Idir rappelle que son syndicat a plaidé pour une stratégie de récupération étalée sur trois ans, «pour mieux préparer les élèves aux étapes suivantes». Les parents d'élèves inquiets L'Union des associations des parents d'élèves n'est pas restée indifférente face à la sortie du ministre. Affichant son pessimisme quant aux taux de réussite au baccalauréat, le recours à une forte mobilisation n'est pas à écarter. S'appuyant sur le retard cumulé, à cause de la grève lancée par différents syndicats, les parents d'élèves insistent sur le report de l'examen du bac et pour la programmation d'une deuxième session en septembre. Pour Amer Yahia Saleh, président de l'Union des parents d'élèves d'Alger, «la deuxième session est un droit des élèves». Mériane Meziane, secrétaire général du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), a pour sa part précisé que «la deuxième session est plus que nécessaire, puisque le système de rachat n'est plus instauré et la perturbation du programme scolaire causée par les débrayages organisés par les syndicats autonomes du secteur». Et d'ajouter : «Du moment que nous, les enseignants, sommes prêts à assurer une deuxième session et la correction des copies, je ne comprends pas où est le problème. Je trouve regrettable de pénaliser les candidats qui arrivent à décrocher une moyenne allant de 8,5 à 9,99», conclut M. Meriane, qui interpelle une fois de plus le ministre à agir dans l'intérêt des élèves. Le même intervenant a tenu à préciser que son syndicat a toujours appelé à la mise en place d'une deuxième session, afin d'offrir une deuxième chance aux élèves qui ne sont pas loin de la moyenne.