Le conflit des travailleurs du terminal containers du port d'Alger n'est pas près de connaître son épilogue. 79 ouvriers interdits d'accès à l'enceinte portuaire menacent d'entrer en grève de la faim dès aujourd'hui pour dénoncer «les manœuvres» de la nouvelle société Djazair Port World (DPW) qui s'apparentent à un licenciement collectif. «Il n'y a pas d'autre solution», estime Adel Ouanoufi qui parle au nom des 79 travailleurs. «Nous allons entamer une grève de la faim dès demain», (aujourd'hui, ndlr), a-t-il déclaré, «pour dénoncer les conditions de travail draconiennes auxquelles nous sommes soumis.» «Depuis le 4 juillet, nous avons été empêchés d'accéder à l'intérieur de l'enceinte portuaire», expliquera le porte-parole des travailleurs en grève depuis le 25 juin. Leur nouvel employeur (DPW) a en effet mis en demeure les travailleurs de rejoindre leur poste dans un délai de 24 heures faute de quoi ils seront licenciés. Car Djazair Port World estime que le mouvement de grève n'a pas été précédé d'un préavis. «Nous nous sommes présentés au port pour reprendre nos postes mais à notre grand étonnement, l'accès a été refusé à 79 d'entre nous, alors que les 211 autres ont été autorisés à réintégrer leurs postes», s'est indigné M. Ouanoufi qui dénonce «un complot». Pourtant, le représentant des syndicats des ports d'Algérie affilié à l'UGTA a assuré ces derniers quant à la prise en charge effective de leurs revendications ayant trait notamment au rythme de travail auquel ils sont soumis depuis deux mois, c'est-à-dire depuis leur «transfert» de l'Entreprise portuaire d'Alger (EPAL) vers DPW. Cette dernière a, comme nous l'avons rapporté dans nos précédentes éditions, fait appel à des travailleurs étrangers pour combler le manque d'effectif au grand dam de ses employés algériens en grève. La notification de transfert vers la nouvelle société Djazair Port World créée par l'EPAL et Dubai Port World dans le cadre d'un contrat pour la gestion du terminal pour containers stipule pourtant, selon notre interlocuteur, que «l'ensemble de nos droits acquis au sein de l'EPAL seront préservés». «Nous avons été obligés de travailler dans des conditions très difficiles en contrepartie d'un salaire dérisoire. C'est ce que nous dénonçons aujourd'hui», dira encore le porte-parole des dockers, et d'ajouter : «Pour avoir refusé ce rythme imposé, on nous accuse de vouloir saboter l'économie nationale tout en nuisant à la direction de DPW.» Notre interlocuteur revendique également au nom des dockers grévistes la réintégration dans leur société d'origine. M. Ouanoufi n'a pas omis dans ce sillage d'accuser la centrale syndicale qui «nous a abandonnés» et les responsables de DPW qui refusent de les recevoir. «Ils nous ont reçus une seule fois pour la signature de documents qui n'arrangent nullement nos conditions de travail et nous avons refusé», a-t-il dit, assimilant la sourde oreille de la direction à du chantage.