La situation des 79 dockers interdits d'accès au terminal containers du port d'Alger est désastreuse. C'est le statu quo. Ces pères de famille dont l'expérience n'est plus à démontrer risquent de se retrouver dans la rue. battus et ne sachant plus à quel saint se vouer, ils se sont regroupés hier au niveau du siège du syndicat de l'entreprise du port d'Alger pour la énième fois dans l'espoir de voir les responsables syndicaux leur donner un coup de pouce pour le dénouement de leur situation «insupportable». Même s'ils ont décidé de reporter leur décision d'entamer une grève de la faim pour faire valoir leurs droits, le syndicat de l'entreprise du port les ayant rassurés quant à la prise en charge de leurs revendications au «sommet de l'Etat», la menace demeure de mise. Il n'y croient plus. Ils nous racontent leur désarroi : «Nous sommes des laissés pour compte», constatent-ils avec dépit, ne comprenant pas leur mise à l'écart. En grève depuis le 25 juin passé pour protester contre les conditions de travail «inhumaines» imposées par Djazaïr Port World (DPW), les dockers ont été mis en demeure une semaine après de rejoindre leur poste de travail sous peine de licenciement. C'est ce qu'ils ont fait, croyant que les promesses de règlement de leurs problèmes allaient enfin se concrétiser. Peine perdue, puisqu'au bout du compte, raconte un des protestataires, «les agents de sécurité nous ont menacés de lâcher leurs chiens sur nous. Comment se fait-il qu'on nous refuse l'accès de l'enceinte portuaire alors que nous avons répondu favorablement aux mises en demeure qui nous ont été adressées ?». «Le constat de l'huissier de justice dépêché sur les lieux peut témoigner en notre faveur», explique son voisin avant de s'en prendre carrément au syndicat de l'EPAL qui, à ses yeux, ne les défend pas assez. «Ils ont tout ficelé à nos dépens», affirme-t-il. Le secrétaire général du syndicat, Kamel Zerganes ne l'entend pas de cette oreille. «Nous avons tout fait pour le bien des travailleurs. C'est notre rôle, mais il faut savoir que cette affaire dépasse le cadre syndical», tient-il à préciser, indiquant que le «dossier est entre les mains des plus hautes autorités de l'Etat.» Pour lui, la société Djazaïr Port World (DPW) a fait beaucoup de promesses qu'elle n'a pas tenues. «Ils ont promis du matériel, des bons salaires pour les travailleurs avec en sus de meilleures conditions de travail, mais rien n'a été fait. Ils n'ont apporté que des problèmes» regrette-t-il. Nous, algériens, nous sommes des gens de parole. Les émiratis doivent tenir la leur et respecter la loi algérienne» enchaîne-t-il, avant d'accuser ces derniers de vouloir nuire au pays. Interrogé sur la possibilité de réintégration des 79 «exclus» au sein de l'EPAL, leur entreprise d'origine, notre interlocuteur s'est voulu prudent. «La réponse des autorités concernées ne saurait tarder. Nous espérons que ce problème sera résolu» s'est-il contenté de nous répondre. Le porte-parole des travailleurs, Adel Ouanoufi, nous dira pour sa part : «Tous les travailleurs sont unanimes pour passer à l'action. Si aucune réponse ne nous est donnée d'ici la fin de la semaine, nous observerons une grève de la faim» menace-t-il. Et de poursuivre : «C'est l'ultime solution». Nos tentatives de prendre attache avec la direction de DPW se sont avérées infructueuses. Même lorsque nous nous sommes présentés devant le siège de la société, l'accès nous a été refusé sous prétexte de défaut d'autorisation.»