Encore un souvenir au sujet de la polémique qui avait opposé Condoleezza Rice à Vladimir Poutine suite à l'assassinat de la journaliste d'opposition Anna Politkovskaïa ? Aux critiques de l'ancienne patronne du Département d'Etat américain, l'homme fort du Kremlin avait répondu : «Les crimes politiques existent partout et pas uniquement en Russie.» A présent que le courant passe mieux entre le Kremlin et la Maison-Blanche, dit-on, Hillary Clinton osera-t-elle les mêmes reproches à Medvedev après le meurtre de la digne héritière de Politkovskaïa ? L'Administration Obama s'est dite «choquée et attristée» par l'assassinat de la spécialiste de la Tchétchénie, Natalia Estimirova. Washington souhaite que les auteurs de ce crime soient traduits devant la justice. Il faudrait d'abord qu'ils soient arrêtés un jour avant qu'ils ne puissent accrocher un même sourire moqueur que celui des supposés assassins d'Anna Politkovskaïa. Placé par Moscou, c'est le dirigeant tchétchène, Ramzan Kadyrov, qui mènera l'enquête. Mais peu-il être à la fois détective et «présumé coupable», chose que ne cessent de répéter les ONG de défense des droits de l'homme ? L'homme fort de Grozny a pris les devants. Le président du mouvement Memorial n'a pas fini de déclarer que la défunte opposante a été désignée par Ramzan Kadyrov comme son ennemie personnelle que celui-ci lui a intenté un procès pour diffamation. Son détracteur mis à la disposition de la justice russe, le «commissaire Kadyrov», aurait-il moins de soupçons sur le dos pour élucider ce crime qui lui colle à la peau alors que celui d'Anna Politkovskaïa demeure à ce jour pétri de mystères ? Du côté des ONG et de l'opposition russes, il ne s'agit ni plus ni moins que d'une autre mascarade programmée, le «chouchou» de Vladimir Poutine restera l'éternel intouchable. Pourquoi l'ère Poutine ne s'est pas terminée avec l'entrée de Dimitri Medvedev au Kremlin ? L'enfant du KGB ne garderait pas sa main basse que sur le dossier de la Tchétchénie mais également son pied dans le bureau présidentiel. Mais rien de formel mis à part son poste officiel de Premier ministre. A son successeur d'avertir que l'armée russe pourrait intervenir à nouveau en Géorgie si le gouvernement de Tbilissi s'aventurait à reprendre les provinces séparatistes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud. Par le biais de la Géorgie, c'est toute l'Europe réunie et son allié outre-Atlantique qui sont sommés indirectement de rester en dehors de ce conflit. Aussi, à l'écart des suites à donner à l'enquête sur l'assassinat de l'opposante Natalia. Une position autre qu'à celle-ci obligerait la Russie à brandir le carton rouge de l'ingérence dans ses affaires internes. Condoleezza Rice sait ce que cela a valu à l'Amérique de Bush, privé du bouclier antimissile US avant son départ à la retraite.