L'académie française de médecine a critiqué vendredi la recommandation européenne de retrait de l'antidouleur Di-Antalvic (contenant du DXP) au motif d'intoxications liées, selon l'académie, à des «utilisations déviantes» très «exceptionnellement observées en France». Suite à la recommandation de l'agence européenne du médicament intervenue le 25 juin, l'agence française (Afssaps) a annoncé le retrait progressif de l'opiacé DXP (dextropropoxyphène) associé au paracétamol dans le Di-Antalvic et ses génériques. L'académie remarque dans un communiqué qu'«il est impossible d'empêcher le détournement d'utilisation d'un médicament quel qu'il soit à des fins d'autolyse (suicide)». «Cette association (type Di-Antalvic : DXP + paracétamol) est utile» et «largement mise à profit en thérapeutique, en France, avec sécurité». «Elle correspond au besoin d'antalgiques de puissance moyenne (niveau 2 de l'OMS), supérieure à celle du paracétamol seul et inférieure à celle des morphiniques forts», poursuit l'académie en soulignant «le nombre restreint de médicaments» antidouleur de puissance moyenne. «La recommandation européenne ne propose pas de solution de remplacement», notent les auteurs du communiqué, qui s'expriment au nom de la commission spécialiste du médicament de l'académie. Le «motif» invoqué pour le retrait est l'observation dans plusieurs pays européens d'«intoxications graves, voire mortelles, dans des conditions d'utilisation illicites, marginales, non thérapeutiques». L'académie observe que de «telles utilisations déviantes ne sont que très exceptionnellement observées en France, à la différence de pays comme la Suède, le Royaume-Uni ou le Danemark, qui sont à l'origine de la procédure de retrait». Pour l'académie, le danger du mésusage à des fins suicidaires provient essentiellement du paracétamol dont la dose maximale est de 4 gr/jour. Elle recommande notamment «un moratoire permettant de poursuivre les traitements en cours et d'étudier sérieusement sans précipitation toutes les conséquences d'une application de cette recommandation».