«C'est l'une des plus folles histoires que je vais, malheureusement, traiter.» Telle est la déclaration du magistrat en appelant les deux antagonistes à la barre au tribunal de Sidi M'Hamed à Alger. Amel est une jeune fille de 25 ans. Elle fréquente Samir depuis près de 7 ans. L'objectif du couple est bien sûr le mariage, mais le père de Amel, un directeur d'établissement, affiche un niet catégorique ! La cause est, selon toute vraisemblance évidente. Samir est ingénieur oui, mais chômeur surtout. Le couple s'est fixé comme objectif de fonder un foyer, Amel qui est salariée dans un établissement bancaire est prête à suivre son amoureux au-delà même du concevable mais la mère de Amel est aussi réticente à l'idée de voir sa fille avec Samir. Le couple s'est retrouvé dans les couloirs de la justice suite à une plainte déposée par le père de Amel contre Samir pour harcèlement moral et provocation incessante de sa fille. «Il a demandé sa main, et j'ai refusé car ce garçon est un voyou», a déclaré le père devant le juge, celui-là même qui lui a interdit d'insulter Samir malgré son statut d'accusé. Samir se défend en annonçant au juge qu'il «se rendait chez Amel et connaissait toute sa famille, car ces derniers savaient pertinemment qu'il est sérieux avec leur fille et que ses intentions son claires : épouser leur fille». Sur l'accusation de harceler et de nuire à Amel, Samir a déclaré : «Soyez logique Monsieur le président, vais-je harceler une femme que j'aime et que je veux épouser, donc qui deviendra ma femme ? C'est inadmissible.» Et d'ajouter : «Amel est consentante, mais elle subit la pression de ses parents pour la simple raison que je suis encore chômeur !» C'est au tour de Amel de passer à la barre, le magistrat l'interroge : «Vous aimez cet homme ?» Et Amel de répondre : «Oui, mais mes parents m'ont interdit de le revoir parce qu'il est chômeur et n'a aucune situation, c'est-à-dire pas de logement et autres.» Le juge renchérit : «Ton père nous a déclaré que Samir te harcèle, est-ce vrai ?» «Non jamais bien au contraire, il a toujours voulu me protéger, mais mes parents ne veulent pas de lui» a répondu la jeune fille. Le parquet, quant à lui, a requis un an de prison ferme. L'avocat de la défense a mis en exergue la complicité de la fille avec Samir et la pression qu'elle subit de la part de ses parents. «Il faut poursuivre les parents pas mon client» a conclu l'avocat. Après délibération, le magistrat a innocenté l'accusé et a conseillé à Samir de ne plus revoir la jeune fille, car leur relation est désormais impossible.