Une nouvelle tendance commence à se faire remarquer dans certains quartiers d'Alger, notamment ceux qui sont en pleine phase de construction, à l'instar de Birkhadem, Dély Ibrahim et Chéraga, qui abritent un bon nombre de chantiers. Il s'agit de la présence d'un bon nombre de maçons et autre main-d'œuvre de tout âge, et qui se comptent par dizaines, qui sont là, postés, en quête d'un chantier pour se faire embaucher et de ce fait, se faire une «bricole». Venus des quatre coins du pays, installés sous un soleil de plomb et une chaleur insupportable, prenant leur mal en patience, ils ont tous là pour un seul objectif, trouver un boulot ou «une petite bricole», selon le terme utilisé par les concernés. Lors de notre virée dans la commune de Chéraga, plus précisément au quartier Amara, qui demeure un endroit stratégique, nous avons rencontré Hafid, un célibataire de 44 ans, qui expliquera : «Notre présence ici rime avec l'espoir de décrocher un petit boulot dans les chantiers de la région, je suis originaire de la wilaya de M'sila et je fréquente cet endroit depuis presque trois ans», en précisant : «Si j'avais trouvé un poste de travail convenable, je ne parcourrais pas des centaines de kilomètres pour me retrouver à attendre sous un soleil de plomb.» Cet exemple traduit la situation alarmante de cette catégorie de personnes, vivant dans l'instabilité. Mokhtar, originaire de la wilaya de Chlef, a tenu à s'exprimer avec un air complètement désemparé : «Nous vivons dans l'injustice, moi je n'ai que 25 ans et vu les difficultés financières de ma famille, j'étais contraint de mettre un terme à mes études et de travailler comme manœuvre pour essayer de subvenir aux besoins des miens.» Notre curiosité nous a poussés à leur demander comment ils font pour trouver où loger lors de leurs séjours qui parfois s'étendent sur plusieurs mois. Sur ce point précis, Hafid nous informera que «ce volet fait partie des obstacles dont nous sommes confrontés depuis notre arrivé ici. Pour certains, qui ont des connaissances dans les chantiers, ils y trouvent refuge. Tandis que pour ceux qui n'ont pas ce genre de privilège, ils passent leurs nuits à la belle étoile».
Des cas qui ne se ressemblent pas La plupart des cas que nous avons rencontrés ont à leur compte des histoires différentes. L'on trouvera des jeunes qui ont été forcés de venir ici à contre cœur et dans l'urgence de se procurer un gagne-pain pour subvenir à leurs besoins. A titre d'exemple, l'on citera Nadir, un jeune homme de 17 ans, natif de la wilaya de Relizane. Il a choisi comme refuge un chantier à proximité du Bois des Cars à Dely Ibrahim. «Mon cas est très différent des autres, car moi j'ai perdu mon père et j'ai à ma charge une famille de 9 personnes, donc je suis forcé de rester ici pour travailler sans arrêt afin de nourrir mes frères et sœurs, et chaque mois, je leur rends visite pour passer avec eux une ou deux journées puis je reviens ici pour trouver une nouvelle bricole, car franchement ce n'est pas du tout évident.» Le manque de propositions de travail demeure l'un des obstacles auquel est confrontée la jeunesse algérienne. Ce qui a poussé nombre d'entre-eux à songer à une «immigration non clandestine».