Des réunions de groupes de réflexion sont en cours pour l'élaboration du Plan national de lutte contre le cancer (PNLCC). Ces rencontres, ayant été entamées depuis le mois de juillet au niveau de l'Institut national de la santé publique (INSP), se penchent principalement sur les enquêtes établies par le groupe d'oncologues algériens, qui sont les plus impliqués dans la prise en charge des malades les plus lourds, ceux dont le cancer est métastatique. Se basant sur l'enquête nationale sur l'incidence, la prévalence et le circuit du malade cancéreux, réalisée en 2004, enquête nationale cancer 2004 et sur le programme national de lutte contre le cancer, le groupe de médecins regroupés à l'INSP débat sur un nouveau plan d'action de lutte contre le cancer. Le groupe mis en place comprend des médecins de chirurgie du cancer, d'oncologie médicale, de radiothérapie, pharmacologie. Il réflechit sur la prise en charge de manière optimale de cette maladie au niveau national. Les médecins participants sont arrivés, suite à plusieurs débats ouverts, à situer les mesures à prendre d'urgence. En premier lieu, ils ont estimé qu'il faut soumettre les établissements dénommés CAC existant ou sur le point de l'être à une expertise indépendante étrangère. L'expertise permettra de les mettre au niveau de leur dénomination. En second lieu, entamer les procédures d'équipements lourds pour ceux appelés à être livrés d'ici la fin de l'année en cours ou début 2010 (Annaba, Sétif). En troisième lieu, créer des SOM et relancer la formation paramédicale. Les insuffisances relevées et l'ampleur du problème en Algérie Il y a lieu de signaler qu'il existe officiellement 17 registres, dont trois sont reconnus par le Centre international de recherche sur la pathologie cancéreuse (CIRC). Il s'agit de celui de Sétif (1987), d'Oran (1992) et d'Alger (1993). Les données fournies permettent d'estimer l'incidence à 100 pour 100 000 habitants. Cette estimation est, selon le sous-groupe OM, sous évaluée du fait de l'enregistrement passif des cas et du non-respect du circuit du patient. Selon une source proche de l'INSP, l'enquête nationale effectuée a permis de constater l'ampleur du problème en Algérie : l'incidence, la prévalence, les localisations prévalentes, aucune prise en charge des malades, l'absence d'organisation dans le circuit de prise en charge des patients, le retard diagnostiques et thérapeutiques, le diagnostic anatomo-pathologique et le traitement chirurgical. Le groupe de réflexion a relevé, par ailleurs, l'insuffisance de la qualité de service en ce qui concerne les omnipraticiens, notamment dans la formation initiale, l'inexistence aussi de CES en cancérologie (soins palliatifs, traitement de la douleur, prévention) pour les médecins généralistes et l'inexistence d'une pharmacie centralisée de préparation des médicaments anticancéreux. Les propositions mises en exergue Pour arriver à l'objectif tracé, les participants proposent, entre autres, d'implanter des équipements structurants au plan régional, dans le cadre d'une coordination des principaux établissements de référence (centres hospitaliers universitaires, centre de lutte contre le cancer et des établissements de référence). Les réseaux locaux seront développés pour répondre aux besoins d'une coordination de proximité. Rappelons qu'en septembre dernier, le ministère de la Santé a dégagé un budget de 30 milliards pour l'application du programme national de prévention et de lutte contre le cancer en Algérie qui devrait s'étaler jusqu'à fin 2009. Ce programme de développement vise notamment «à renforcer et à densifier» le réseau des hôpitaux spécialisés dans la lutte contre le cancer. A ce titre, 15 centres anticancéreux (CAC) ont été programmés, dont plusieurs réceptionnés, comme ceux d'Adrar, Batna, Sétif, Béjaïa, Tlemcen, alors que sept autres sont en cours de réalisation. Dans le même cadre, il est prévu la réalisation d'un institut national du cancer qui sera un lieu d'expertise, de ressources et de coordination. Il associera à son fonctionnement les chercheurs, les professionnels de la santé et les représentants des patients afin de faciliter la mise en œuvre du plan cancer, et permettra ainsi d'avoir un acteur vigilant de la mise en œuvre du plan cancer.