«Certaines dispositions sont interprétées comme impopulaires, elles méritent d'être plus explicites», nous a déclaré hier Mebarek Malek Serrai, expert international et PDG de AIC (Algeria International Consult), bureau spécialisé dans les études, l'assistance technique et le conseil à l'échelle nationale et internationale, concernant la loi de finances complémentaire 2009, dans l'entretien qui suit. Le Temps d'Algérie : En tant qu'expert international en économie, comment évaluez-vous le contenu de la loi de finances complémentaire 2009 ? Mebarek Malek Serrai : On peut dire que c'est une loi essentiellement de sursaut qualitatif, mettant un terme à beaucoup de déperditions, de gaspillage, de dépenses qui ne sont pas nécessaires en cette période de crise mondiale et de grave réduction des recettes pétrolières de notre pays. Elle replace le pays dans la normalité internationale, défendant mieux ses intérêts économiques (investissements), financiers (rééquilibre des transferts) et commerciaux (importations utiles à la croissance du développement, besoins qualitatifs du consommateur algérien, équilibre de la balance du commerce extérieur, pas de financement d'importations, de superflus nuisibles à la santé, la sécurité et au moral du citoyen... C'est un sursaut qualitatif et même politique salutaire pour préserver les moyens de payement de notre commerce extérieur et de sauvegarde de nos moyens financiers affectés aux investissements porteurs de richesses et créateurs d'emploi dans le cadre du programme de développement du président de la République et appliqué sereinement par le gouvernement. Certaines dispositions sont interprétées comme impopulaires, elles méritent d'être plus explicites, mieux vulgarisées afin de les situer dans l'intérêt de l'économie aux yeux des citoyens peu au fait de la crise financière qui touche le pays. Comment expliquez-vous le recours systématique à une loi de finances complémentaire ? Le recours chaque année à une LFC veut dire que le pays évolue vite mais ses institutions en charge d'étudier et surtout de légiférer sont faibles, manquant de spécialistes et d'idées modernes ainsi que de stratégies à moyen et à long terme. Il y a un énorme décalage entre les ambitions du programme présidentiel, le niveau de réflexion et la faible vision ainsi que le manque de courage à la critique constructive d'un nombre important de nos «représentants du peuple». D'après-vous, pourquoi l'orientation vers le crédit immobilier et la suppression des autres crédits, à savoir le crédit à la consommation et le crédit automobile ? Il y a presque un an que j'ai alerté l'opinion et les autorités sur le surendettement des jeunes, en particulier les jeunes couples, à l'endroit des multiples crédits contractés et les graves difficultés rencontrées pour le remboursement. Cet appel a eu un fort écho dans tout le Maghreb. Comment concevez-vous qu'un jeune couple qui habite à l'étroit avec ses parents et parfois même ses grands-parents peut acheter un véhicule à crédit au lieu d'investir dans l'achat d'un logement !? Les exemples de ce genre de situation, qui dénotent d'une situation culturelle inquiétante, sont très nombreux. Le gouvernement a fait des efforts particuliers dans le secteur du logement social mais d'autre part, il faut que les citoyens fassent l'effort dans l'épargne nationale pour leur propre confort d'habitation. Quel est votre avis à propos de la baisse des IDE ? La baisse des IDE répond à de nombreux critères. Il y a une concurrence internationale effrénée. Certains pays asiatiques et même arabes voisins proposent des conditions allant jusqu'à toucher leur indépendance de décision politique, économique, et ce ne sera jamais le cas de l'Algérie qui a un potentiel de réception des investissements remarquable (espace, énergie à bon marché, jeunesse formée, infrastructure économique de base relativement développée etc. Il y a, cependant, un environnement encore dominé par une bureaucratie lourde et parfois corrompue à certains niveaux de décision. Cette situation décourage plus d'un et donne une mauvaise image du pays dans les milieux de décision de certains investissements. Il faut lutter avec courage et sérénité contre ce fléau ravageur. Par ailleurs, la crise économique et financière mondiale a affaibli de nombreux groupes financiers internationaux et les a obligés à revoir leurs programmes et leurs priorités ainsi que leur développement géographique. L'Algérie est donc touchée par ce phénomène. Le manque de stabilité de notre système juridique et les changements répétitifs des textes ainsi que les blocages connus dans la sphère du foncier sont des aspects négatifs à corriger au plus vite et de manière définitive. Que pensez-vous du classement octroyé par la banque mondiale à notre pays, comme deuxième économie dans le monde arabe ? Le classement encourageant de la banque mondiale octroyé à l'Algérie n'est en fait que le reflet des bons résultats macro et micro-économiques réalisés par l'Algérie et ce, malgré la crise mondiale et un environnement international relativement hostile. Pour l'année 2009, nous sommes plus touchés par la crise mais notre résistance est intelligente.