A deux doigts du mois du Ramadhan, la flambée des prix des denrées alimentaires de première nécessité culmine déjà sur pratiquement tous les marchés de la wilaya. Au Nord comme au Sud et à l'Est comme à l'Ouest, même refrain répété par les chefs des ménages à faible revenu : «Les fruits et légumes ont fait des ailes.» En effet, les prix affichés par les détaillants sont visiblement exorbitants, touchant les produits alimentaires tant recommandés pour une nourriture bien équilibrée. Des viandes blanches ou rouges aux fruits et légumes, en passant par les produits céréaliers, les prix appliqués par les spéculateurs sont aussi cauchemardesques. Rencontrée à proximité d'un marché couvert, sis au cœur de la ville, une vieille venue faire ses emplettes, s'interroge : «Pourquoi les prix s'envolent-ils à chaque approche de la saison ramadhanesque ? Ne dit-on pas que c'est le mois de la rahma ? Où est-elle passée cette rahma dont on parle ?» Vraisemblablement, l'interrogation de notre interlocutrice est pertinente et laisse entendre que l'approche du mois du Ramadhan est synonyme d'une spéculation atroce, et le consommateur déjà frappé de plein fouet par moult nuisances saisonnières constitue une proie facile et idéale. A vrai dire, il n'existe aucun marché qui ne soit épargné de cette envolée foudroyante de la tarification appliquée autant par les commerçants détaillants que par les grossistes, lesquels avancent une argumentation moins convaincante. Si pour les détaillants, la hausse est en premier lieu pratiquée par les grossistes, pour ces derniers, «le phénomène est directement lié à plusieurs facteurs dont le manque des moyens de transports de la marchandise». Nos interlocuteurs reconnaissent aussi que «seuls les modestes foyers subissent les contrecoups de cette flambée». La tournée effectuée dans certains marchés répartis sur le territoire de la région laisse entendre que le plat du f'tour ramadhanesque 2009 ne serait pas du goût de la majorité des ménages. «Une hausse tellement vertigineuse que l'on ne peut se permettre que l'essentiel», lance un père de famille nombreuse. Faut-il souligner que l'approche du mois du jeûne constitue une occasion opportune pour certains commerçants d'appliquer leur diktat. Ainsi, outre la pomme de terre ou «lham elguellil» localement appelée, cédée à 40 DA le kilo, les prix variant entre 50 et 160 DA pour la courgette, les haricots verts, l'aubergine, la pomme, le piment et autres fruits et légumes, donnent un excès de tension artérielle aux modestes salariés, lesquels n'hésitent pas à pointer du doigt une telle spéculation indécente. Par ailleurs, les produits céréaliers, jugés aliments incontournables à la base de la pyramide de l'équilibre alimentaire du fait de leur utilité pour une bonne santé, risquent d'être de moins en moins présents dans l'assiette de la famille à faible revenu, ils sont proposés à pas moins de 70 DA. Cette flambée angoissante des prix, qui suit le même rythme que celui de la chaleur, touche aussi les habitués de la viande, lesquels se voient contraints de réaménager leurs habitudes alimentaires, car les prix ne sont pas à la portée des petits budgets. A ce titre, le prix du poulet galope pour atteindre les 350 DA. Quant à la viande rouge, il est hors de question de négocier son prix, elle frôle les 500 DA le kilo. Avons-nous constaté chez M.G. boucher de longue date. Aussi, le sucre et l'huile de table, deux produits dont les ménages ne peuvent guère s'en passer, enregistrent une sensible augmentation. Alors que le kilo de sucre fait temporairement 700 DA, l'huile de table, qui, jadis frôlait les 450 DA les 5 litres, est cédé à 560 DA. A en croire les prévisions de plusieurs commerçants, «Une éventuelle augmentation est attendue dès le début du mois du Ramadhan.»