Tazla est un village situé à une trentaine de kilomètre d'Ighil Ali (Béjaïa). Cette localité isolée, qui a tant souffert du terrorisme, était jusqu'aux années 2000 la proie d'un exode sans pareil, à cause notamment des conditions de vie difficiles. Toutefois, ce village, même s'il est «une colline oubliée» par les pouvoirs publics, il intéresse, comble de l'ironie, la BEDE (biodiversité et échange d'expériences), une association française basée à Montpellier, qui s'intéresse de près à sa culture maraîchère et fruitière. En effet, Tazla possède des légumes et des fruits uniques en leur genre, qu'on ne retrouve pas ailleurs. C'est cette particularité qui a amené l'association BEDE, à travers une délégation qui a séjourné dans ce village en 2007, pour voir de près la tomate rose de Tazla, que l'on ne retrouve nulle part ailleurs, aux dires de Terranti Seddik, membre de l'association Talla du même village. «Elle est rose, grosse et pulpeuse», soutient-il. Le haricot vert est également particulier, puisqu'il mesure, selon toujours notre interlocuteur, 20 à 25 cm. Le poivron charnu, appelé communément «ifelfel n'Ath Abbas», et le chou, ont, assure-t-on, un goût particulier. Les fruits ne sont pas en reste. La figue, dit-on, est d'une excellente qualité. Noire ou verte, elle est très succulente et sans mesure commune. Il y a aussi les poires de Tazla, petits et exquises. La pêche verte, tardive, n'est pas en reste puisqu'elle ne déroge pas à la règle, faite de spécificité territoriale. «Ces fruits et légumes nous sont commandés par des commerçants et des particuliers résidant à Alger, Bordj Bou Arréridj et bien d'autres localités», nous dit M. Terranti. Au vue de cette particularité et du potentiel agricole insoupçonné que recèle le village de Tazla, la BEDE a inscrit des projets individuels et collectifs, nous informe M. Terranti. Ainsi, il était question de monter une fromagerie (fromage de chèvre), des pépinières pour préserver la semence originale des légumes et les jeunes pousses des arbres fruitiers du village. Il est prévu aussi une unité de production de pâtes et une huilerie semi-automatique. Ce village est vraiment un exemple à suivre en matière de gestion des déchets. En effet, selon notre interlocuteur, les déchets sont recyclés et rien n'est jeté dans la nature. Des bacs sont installés un peu partout dans le village et chaque récipient est destiné à un déchet spécifique. Des personnes venant de Bordj Bou Arréridj viennent récupérer les déchets pour les recycler. Ce nouveau départ pour une vie meilleure dans ce village a donné de l'espoir à deux familles, qui ont quitté le village à cause du terrorisme et des conditions de vie déplorables, de se réinstaller. «Toutes les familles qui ont quitté le village s'intéressent de près aux mutations de notre villages. Qui sait peut-être elles reviendront toutes», espère Terranti Seddik, qui se démène, lui et son association, pour redonner le goût de vivre à une population qui a décidé de se prendre en charge face, nous dit-on, à la sourde oreille des pouvoirs publics.