Les malades chroniques seront contraints de changer leurs traitements à chaque rupture de stock. Les ruptures de stock en médicaments risquent de durer. La déclaration est de Amar Ziad, président de l'Union nationale des opérateurs en pharmacie, joint hier par L'Expression, qui a estimé que la réalité du terrain est tout à fait contraire au discours de Djamel Ould Abbès. Le ministre a déclaré, dimanche dernier, qu'il n'y aurait pas de pénurie de médicaments pour cet été. Il semble en totale ignorance de la réalité qui prévaut actuellement sur le marché des médicaments en Algérie. Et pour cause, la rupture de stock de médicaments qui dure depuis longtemps, persiste toujours. Plusieurs médicaments utilisés dans le traitement des maladies chroniques comme le cancer, le diabète, l'hypertension et les maladies cardio-vasculaires ne sont pas disponibles au niveau des pharmacies. Amar Ziad a déclaré que «la pénurie des médicaments existe toujours». Il prévient que cette situation ne peut connaître de dénouement en de telles circonstances, allusion faite aux conditions imposées aux importateurs de produits pharmaceutiques par les pouvoirs publics. «Cette pénurie risque de durer», a souligné M.Ziad qui expliquait cela par le fait que les laboratoires ne travaillent pas au mois d'août, ce qui complique davantage la situation en matière de stocks. D'ailleurs, il n'est pas allé avec le dos de la cuillère pour pointer du doigt les responsables. «Le manque de médicaments enregistré dans les pharmacies est dû à la difficulté d'approvisionnement du marché depuis l'instauration de l'obligation du recours au crédit documentaire», a-t-il dit. L'article 69 de la loi du 22 juillet 2009, portant loi de finances complémentaire, stipule que les paiements des importations s'effectue obligatoirement au moyen du seul crédit documentaire. En d'autres termes, seul le Crédoc est autorisé comme moyen de paiement des opérations d'importation. Le même interlocuteur a relevé que les entreprises n'ont pas les moyens de financement, d'où la nécessité du retour à l'ancien système. S'agissant des médicaments qui sont touchés par cette pénurie, les spécialistes estiment qu'au moins une centaine de traitements sont indisponibles sur le marché. Une situation très mal vécue par les pharmaciens de plus en plus confrontés à faire face à des difficultés financières insupportables, dues à une gestion anarchique de ces produits sensibles. Ruptures de stock de médicaments, surstockage de ces derniers, ainsi que des produits périmés, sont les trois maux qui hantent le sommeil des pharmaciens et gangrènent le fonctionnement adéquat des officines de pharmacie, selon les spécialistes du domaine. De ce fait, le pharmacien se voit souvent dans l'obligation de recourir au surstockage qui engendre inévitablement la péremption de médicaments. Il est aussi utile de relever, qu'au-delà de cette crise qui frappe le secteur de la santé, un problème énorme se dessine au-devant de la scène sociale. C'est la santé du citoyen qui est en danger, car plusieurs malades, surtout ceux qui souffrent de maladies chroniques, seront contraints de changer leurs traitements à chaque fois que le médicament se trouve en rupture. L'Etat, en tant que garant de la santé publique, doit agir désormais par des actions mûrement réfléchies, susceptibles d'éviter des conséquences dramatiques pour la santé des citoyens.