Selon un sondage réalisé par la Fédération nationale des journalistes, plus de 85% des journalistes algériens affirment que la formation universitaire est «insuffisante» pour exercer ce métier. En matière d'accès à la formation continue dans les milieux professionnels, l'enquête de la Fédération révèle que 88% des personnes interrogées n'ont pas eu de facilités pour se perfectionner dans les métiers de la presse. A l'initiative de la Fédération nationale des journalistes, une conférence-débat a été organisée jeudi au siège de la centrale syndicale à Alger sur le thème «Les besoins en formation dans le secteur de la presse» où des professionnels et des universitaires sont intervenus sur la situation de la presse algérienne, particulièrement sur les questions de la formation. Lors de cette conférence, une enquête a été présentée sur les attentes des journalistes. Menée par le chercheur universitaire Noureddine Hadef, ce sondage a touché 122 journalistes ayant répondu à des questions précises se rapportant à la formation, à l'âge et au monde du travail. Il ressort de cette étude que 79,50% des journalistes proposent la création d'une école de journalisme alors que 20,49% préconisent une formation spécialisée en post-graduation.Pour ce qui est des besoins en formation, 90,16% des journalistes préfèrent une formation dans les langues étrangères et 77,86% souhaitent suivre une formation dans le domaine des techniques rédactionnelles et journalistiques. Quant aux modalités de formation, près 90 % (89,34%) du total de l'échantillon préfèrent la formation pédagogique sur site alors que 11 % optent pour une formation par correspondance ou via le Net. En ce qui concerne le niveau des journalistes, 80% estiment qu'il est encore faible. L'enquête a révélé également que 70 % des journalistes sont des femmes, ce qui dénote, selon le chercheur «la forte présence de la femme dans le secteur de l'information». La presse algérienne compte également 53,27% de jeunes âgés entre 22 et 29 ans et 91,80% de journalistes ayant une licence. Pour le secrétaire général de la Fédération nationale des journalistes, Abdenour Boukhekhem, cette enquête démontre à plus d'un titre le travail à accomplir pour combler les lacunes de la presse algérienne. En présence du secrétaire national chargé de l'information de l'UGTA, Abdelkader Malki, le premier responsable de la Fédération des journalistes assure que le syndicat travaillera en étroite collaboration avec des institutions publiques et des organismes nationaux et internationaux pour répondre aux besoins de formations des journalistes. «Nous allons élaborer un plan national annuel de formations au profit de la presse. La Fédération des journalistes algériens œuvrera à améliorer la formation continue. Notre objectif est de faire participer les éditeurs à hauteur de 2% de leurs chiffres d'affaires consacrée à la formation», a tenu à souligner M. Boukhemkhem lors de cette rencontre débat. La formation continue, le parent pauvre Les intervenants, dont le directeur de la rédaction du Jeune Indépendant, Kamel Mansari, et l'universitaire Mohamed Laâgab, ont soutenu que la formation des journalistes dans les lieux de travail est devenue une nécessité vue l'évolution qu'a connue le monde de la presse au niveau international. " La presse se professionnalise et s'approprie des normes universelles. Les technologies ont également évolué. Dans le monde, les besoins de formation se posent en matière de techniques de vente, de publicité, de notoriété et non en matière de rédaction et de fonctionnement des rédactions», a relevé Mansari Kamel, ancien journaliste de l'APS et directeur de rédaction du quotidien El Chourouk El Yaoumi. Le docteur Mohamed Lagâab fait observer le niveau faible de la presse algérienne qui s'éloigne des normes de travail universelles. «La plupart des journaux algériens s'appuient sur le téléchargement des données sur le Net pour confectionner leurs pages», affirme-t-il, ajoutant que la formation est liée au cursus scolaire des journalistes et sa culture générale. «L'université ne forme pas un journaliste type. C'est à la personne intéressée de se forger une culture et un savoir très large dans tous les domaines», ajoute cet enseignant à l'Institut des sciences de l'information et de la communication. Notre confrère de La Tribune, Fouzia Ababsa, a relaté son expérience dans le domaine de la presse. Ayant 25 ans de service, cette journaliste a insisté dans son intervention sur la lecture et l'exercice sur le terrain, conférant au journaliste une force indispensable pour faire carrière.La Fédération nationale des journalistes algériens ne compte pas s'arrêter à cette initiative. Durant le Ramadhan, une campagne sur l'importance de l'adoption de la carte professionnelle du journaliste sera menée. M. Boukhemkhem a précisé que la fédération lancera en coordination avec les partenaires actifs une campagne d'envergure sur l'importance de l'adoption de la carte professionnelle nationale du journaliste. Cette carte délivrée à l'issue d'un stage initial de deux années dans un organe confère à son titulaire le statut de professionnel. L'attribution sera du ressort d'une commission nationale composée de représentants des journalistes, des directeurs des organes de presse et du ministère chargé du secteur de l'information. Selon les données du ministère de la Communication, 4000 journalistes, dont près de 66% dans la presse écrite, exercent dans le domaine. La Fédération nationale des journalistes se dotera prochainement d'un site web interactif.