Il y a des flagrants délits qui portent leur appellation. Mais en face, il y des inculpés qui refusent leur statut jusqu'au craquement des neurones, piloté par une sévère juge du siège, accrocheuse, rugueuse et surtout sans état d'âme. Omar L., qui, paraît-il, s'appelle autrement, a tenté de mener la vie dure au tribunal. C'est méconnaître les morsures de nos vaillantes magistrates qui ont l'art de faire cracher le morceau au plus averti des dealers, contre qui les services de sécurité mènent une lutte sans relâche. L'inculpé de commercialisation de stups du côté d'El Harrach, l'une des plaques tournantes du trafic de drogue, avait eu la présence d'esprit de donner de fausses coordonnées sur sa personne. Evidemment les prénoms les plus usités dans ce cas d'espèce, sont généralement : Karim, Djamel, Mourad, Mounir, Omar, Mustapha. Celui-là avait donné Omar L.. Les recherches de la police avaient été vaines. Ce Omar L. n'existait pas dans l'état civil de la commune de sa présentation. Ajoutez à cela, les deux profondes cicatrices visibles sur son visage et vous avez devant vous l'inculpé idéal à poursuivre. Les faits remontent à une semaine auparavant du côté de la Glacière à deux pas du Caroubier. Omar L. ou si vous voulez l'inculpé était bien installé, assis sur deux rails loin du passage des trains nombreux entre neuf heures et onze heures. «Bien installé si l'on veut bien car au fond, vous n'étiez pas à l'aise lorsque les policiers étaient arrivés informés qu'ils étaient de la présence en ces lieux d'un dangereux dealer», tonne Messaoud Kennas, le représentant du ministère public qui aura alors l'occasion de demander dix ans d'emprisonnement ferme pour aller dans le sens de l'article 17 de la loi relative à la prévention et la répression des trafiquants de drogue. - Où était le gros paquet de six cents grammes de cannabis traité au moment de votre interpellation ? demande alors la juge. - J'étais assis près du coin où se trouvait la came, répond avec beaucoup d'hésitation Omar L. qui n'arrivera pas à convaincre la présidente de la section correctionnelle du tribunal d'El Harrach (cour d'Alger) de son statut de... victime d'une erreur d'appréciation de la police. - Oui, d'accord, le tribunal veut bien vous croire. Mais alors, pourquoi n'étiez-vous pas bien à l'arrivée de la police ? dit la juge. - Je ne suis jamais bien en présence de la police. Je n'aime pas les policiers...- Vous avez raison de ne pas aimer ce corps qui fait du bon boulot en neutralisant les dealers. - Je ne suis pas un dealer. Je sniffe, oui mais je ne commercialise pas ce poison, rétorque imprudemment l'inculpé qui voit la présidente s'étonner que l'on sniffe en sachant pertinemment que c'est mortel comme produit. - Allez, ça va, ça va. Vous aviez reconnu les faits, aujourd'hui vous faites perdre du temps au tribunal qui vous incite juste après le réquisitoire de Monsieur le procureur, à dire le dernier mot, tranche la présidente qui sera édifiée en suivant le dernier mot de l'inculpé. «Madame la présidente, je m'en remets à Allah pour celui qui vient de demander une grosse peine et vous demande l'indulgence pour votre décision». Les jeux étaient faits. C'était clair comme l'eau de roche. Cinq ans d'emprisonnement, tel aura été le verdict d'un dossier facile comme tout.