Les huit chefs de famille des Vergers relaxés à Hussein Dey ont joué leur va-tout devant la chambre pénale d'Alger, ce dimanche. Car il s'agit pour eux d'une question de survie, considérant qu'ils n'ont nullement porté atteinte à aucun bien d'autrui, surtout qu'ils ont trois cents familles voisines qui n'ont jamais été inquiétées par les gendarmes, ces gens de la P. J. Le vice de procédures relevé par la cour d'Alger a fait plaisir à maître Houcine Bouchina, l'avocat des six familles poursuivies pour atteinte à biens d'autrui, après un PV dressé par les gendarmes. Pour l'avocat, plaider ce dossier au pénal doit donner des frissons, car le juge d'instruction était allé au non-lieu, car les preuves existaient. Le tribunal de Bir Mourad Raïs donne la relaxe. Le parquet, pour ou ne sait quelle raison, interjette appel. «Et nous nous trouvons devant vous, madame la présidente, pour ne réclamer d'autre que la reconduction du verdict de la première instance, vu que les attendus sont inattaquables», avait articulé l'avocat de la rue Dr Saâdane qui était entouré de la demi-douzaine de chefs de famille relaxés mais qui se tenaient les tripes, «craignant que ceux qui vous en veulent ne nous chassent de chez nous. Un chez-nous que nous occupons depuis 1963 !» dira l'un deux. Un deuxième prévenu ira jusqu'à supplier Karima Megari, Mériem Derar et Saïd Brahimi, le trio de la troisième chambre pénale d'Alger, de retenir qu'il y a plus de trois villas aménagées sur la même aire et aucun de ces occupants n'avait été inquiété et ne le sera jamais. Un troisième intervenant juste après la question de la présidente : «Pourquoi vous ?», pour répondre sur un ton de ceux qui rêvent de voir la mafia f... le camp : «Ils nous en veulent !» Comprenez par là : ils en veulent au terrain d'assiette, si qu'Allah ne plaise un arrêt de la cour les condamnait pour atteinte à bien d'autrui.» Evidemment, dans la salle, en évoquant Bir Mourad Raïs, on pense immanquablement aux... vergers. Oui, c'est peut-être une réalité. «Reste-t-il un seul verger dans ces environs ?» souffle un autre prévenu abattu par ces poursuites dont il parle avec amertume et qu'il présente comme étant assassines, à la limite gênantes dans le quotidien, un quotidien fait de dérangements... Qui a déposé plainte contre ces résidents occupant les lieux depuis près d'un demi-siècle ? Qui est derrière cette plainte, si plainte il y avait ? Qui serait le bénéficiaire d'une éventuelle condamnation de ces familles tous grands-pères, enfants des lieux abandonnés par les colons au lendemain du recouvrement de l'indépendance ? Seule la chambre correctionnelle d'Alger où trône cette merveilleuse présidente, merveilleuse de sang-froid, merveilleuse de compétence et surtout merveilleuse d'unité avec ses deux conseillers Mériem Derar et Saïd Brahimi à qui rien n'échappe durant l'interrogatoire. Le verdict a été mis en examen en vue de mieux se pencher sur ce qui a été demandé par ce Raâtout qui a lui aussi suivi les Q.R. tout en restant dans sa carapace de parquetier ligoté et vachement par la solidarité du siège du ministère public «tête haute» par l'indivisibilité du siège.