La ville des Genêts, caractérisée par l'étroitesse et l'insalubrité de ses ruelles, connaît aussi un phénomène qui n'est autre que le squat des trottoirs, qui vient donner le «coup de grâce» aux petits espaces dont pouvaient disposer les piétons. Habituellement, et principalement en dehors des vacances scolaires, la ville grouille de monde que les trottoirs étroits n'arrivent plus à contenir. Cette situation indispose au plus haut niveau les automobilistes à qui les passants disputent la chaussée qui leur est en principe réservée. Il faut dire que la faute n'incombe pas à ces mêmes piétons qui essayent tant bien que mal de se frayer un chemin entre les voitures tant les trottoirs sont envahis par des marchandises en tous genres étalées à même la chaussée par des vendeurs à la sauvette qui se disputent chaque mètre carré et le moindre coin des voies fortement fréquentées. L'exemple qui illustre le mieux cette déplorable situation est la rue Ahmed Lamali. Là, dès les premières heures de la matinée et jusqu'à ce que le soleil décline, des dizaines de véhicules, utilitaires pour la plupart, arrivent et sont garés de part et d'autre de la chaussé, réduisant cette dernière à deux voies alors qu'elle est constituée de quatre. Ces véhicules sont généralement immatriculés à Boumerdès et Alger. «La plus grande partie de ces vendeurs viennent de Bordj Ménaiel et Naciria», nous a-t-on indiqué. Les vendeurs installent leurs stands et commencent à «vanter», à gorge déployée,leurs produits et les prix pratiqués. Les acheteurs affluent de leur côté, et cette rue est vite transformée en un marché à ciel ouvert. Pas facile de se frayer un chemin sur cette voie très fréquentée, notamment en milieu de journée, soit au début des visites à l'hôpital. Les lieux se transforment en un véritable cauchemar, principalement pour les automobilistes. D'interminables files de voitures se forment sur cet axe. Devant tout ce brouhaha, aucune autorité ne bouge le petit doigt pour libérer les trottoirs et les rendre à leur vocation première. Plusieurs fois, ils ont été chassés par les services de sécurité, mais deux ou trois jours après, au maximum, ils reviennent. Cette situation n'est pas propre à la rue Lamali. Même la grande rue est envahie par les vendeurs à la sauvette. On y propose des vêtements, des chaussures et bien d'autres objets encore. Du côté de la nouvelle ville, qualifiée de cité- dortoir, dont quasiment toutes les cités connaissent depuis quelque temps d'importants travaux de réaménagement, c'est le même topo. Sauf que là, ce sont les commerçant eux-mêmes qui se permettent d'envahir la voie publique. Ainsi, les cafés maures transforment les trottoirs en terrasses, ce qui gêne énormément les femmes qui, une fois arrivée en ces lieux, sont obligées de marcher à même la chaussée. On y trouve même des produits et autres matériels, comme des brouettes à même le trottoir. Même les vulcanisateurs réparent les roues des voitures sur ces mêmes trottoirs qui changent ainsi de vocation. Dans toute cette anarchie, c'est le citoyen qui paye les frais d'un laissez-faire en plus de l'enlaidissement des rues et les dangers auxquels font face les habitants. A l'approche du mois du Ramadhan, la situation s'aggrave de jour en jour. Il est connu que durant ce mois, qui approche à grandes enjambées, toute la ville se transforme en marché.