Pour s'être rendu dernièrement en Birmanie, le monde s'attendait à ce que Bang Ki-moon soit le premier à condamner le placement en résidence surveillée, pour les dix-huit prochains mois, de l'opposante d'Aung San Suu Kyi. Les différends entre les membres du Conseil de sécurité étant ce qu'ils sont depuis la nuit de la création de la société mondiale, le secrétaire général de l'Onu a choisi de regarder ailleurs. Vers la République islamique d'Iran où ses chaleureuses félicitations à Mahmoud Ahmadinejad ont fait miroiter un semblant de «consensus international» autour de la réélection du fils spirituel du grand guide Ali Khamenei. Il mériterait bien les compliments de Bang Ki-moon, garant officiel des équilibres mondiaux. Surtout qu'à présent la justice iranienne montre un visage plus indulgent envers les présumés espions de l'Occident. Autre décor mais pareils enjeux géostratégiques à Rangoon. Les Occidentaux sont particulièrement outrés par le prolongement de la détention de l'opposante birmane. Ni la batterie de sanctions ni le dernier voyage du secrétaire général des Nations unies n'ont eu raison de la junte militaire, qui continue de faire la pluie et le beau temps au pied de l'Himalaya. Hormis la libération de quelques détenus politiques, aucun autre geste fort de la part des hauts galonnés pour qu'ils puissent devenir un peu plus «fréquentables» à l'étranger. Le retour de l'opposante Aung San Suu Kyi dans sa résidence surveillée, le temps d'un verdict expéditif, la privera assurément d'une participation aux prochaines élections générales qui se tiendront en 2010. Qu'il soit ainsi, la Birmanie est un pays souverain et toutes les décisions prises, à tort ou à travers, par son régime doivent être respectées. Une franche démarcation, par rapport à la position des Occidentaux, que la Chine populaire n'a pas manqué de souligner au feutre rouge. Bien qu'il s'agit de son allié, les autorités de Pékin iront-elles jusqu'à défendre la junte birmane, avide d'importer la technologie nucléaire que sa courageuse sœur nord-coréenne est accusée de lui fournir déjà clandestinement ? Ce qui est certain, la Chine se refuse à se mettre à la place de la Russie qui a eu à constater le basculement des vieilles républiques soviétiques dans le giron occidental. Après les tentatives de séparatisme forcé, voire d'indépendantisme, au profit du Tibet et de Taïwan, le gouvernement de Pékin se sent-il une nouvelle fois directement menacé par une improbable chute de l'actuel régime dans la souveraine Birmanie ? Une «déstabilisation démocratique», conduite bon ou mal par l'empire occidental à sa frontière, ne peut être du goût de la Chine, qui n'aimerait en aucun cas que l'on vienne marcher sur ses plates-bandes traditionnelles, voire «millénaires». Décidément, elle compte bien rester maîtresse du jeu dans cette région. Alors que son expansionnisme économique en Afrique continue de faire des jaloux, l'empire du Milieu n'est pas prêt à perdre la partie «à domicile». Parce que lui aussi il entretient des alliances indestructibles avec ceux qui tiennent toujours tête à l'Amérique d'Obama, via lesdits partenariats stratégiques. En plus des néosocialistes d'Amérique latine et des durs à cuire du Moyen-Orient, l'administration de Pékin partage à peu près tout avec son homologue de Moscou. C'est dire que si par exemple l'expansionnisme de l'Otan ne plaît pas à la Russie, inévitablement il ne plaira pas à la Chine. Et tant pis si la prisonnière des empires est maintenue en résidence surveillée. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir