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Jijel à la recherche de sa vocation touristique
Publié dans Le Temps d'Algérie le 19 - 08 - 2009

Il régnait, ce samedi de la mi-août, à Jijel, un sentiment de fin de vacances qui se lisait sur les visages des derniers estivants et campeurs que l'approche du Ramadan ne semble pas, paradoxalement, avoir convaincu qu'il faut plier bagage. Même les passages orageux sur la ville et ses plages, ce jour-là, et le temps gris qui a suivi durablement ne sont pas encore un argument suffisant pour les décider à rentrer.
Pour les habitants de la ville, ce changement météo ne fait aucun doute que c'est la fin de l'été. Tkasrou laryah (les vents se sont brisés).
Dans le langage des pêcheurs, cela signifie la fin de la saison estivale. La fin des vacances avec ses souvenirs et beaucoup de nostalgie. Ils ne s'en plaignent pas trop, eux, car, disent-ils, le beau temps sera de retour le mois de septembre. Et puis les mordus de la mer ont commencé tôt à fréquenter les plages et les criques. Pour beaucoup d'entre eux, la saison estivale commence en avril.
A l'entrée des falaises
Les vacanciers, habitués de la région, sont déjà rentrés. Il n'est pas rare, en effet, de croiser en chemin, le long de la corniche allant vers Béjaïa, surnommée à juste raison la côte de Saphir pour le bleu de sa mer et le reflet de ses forêts, des Mazda et des J4, chargés de matelas et de matériel de camping, prendre le chemin des Hauts Plateaux.
Les embouteillages se forment à présent dans le sens inverse, celui du retour. Les gens sont moins gais sur fond des tubes de l'été qui fusent de partout, visiblement contrariés de devoir attendre leur tour pour négocier l'entrée dans l'étroit pont rouillé des falaises de Melbou qui contrôle la sortie de la corniche et ouvre grande la voie vers l'ouest.
Libérés après un temps d'attente, les automobilistes accélèrent un peu pour rattraper le retard, et beaucoup pour s'éloigner de ce coin de paradis, la gorge serrée.
Voilà encore deux semaines, l'ambiance était différente, exactement au même endroit, dans le sens inverse, sur fond des mêmes airs de musique sétifienne. Si pour ceux qui partent, l'attente est un calvaire, pour ceux qui arrivent l'embouteillage fait partie des vacances.
Dans cette ambiance contrastée, sur des kilomètres, semi-remorques, autocars des grandes destinations et les milliers de voitures de tourisme où le matricule 19 est prédominant font la queue de part et d'autre du petit pont des falaises. Cette année la circulation reste encore lente, certes, mais le temps d'attente ne dépasse guère la demi-heure, une heure au pire.
La circulation est, en effet, réglementée grâce à la mise en service d'un panneau de signalisation. Les années précédentes, l'attente était indéterminée : quatre heures en moyenne, soit une journée entière pour se rendre d'Alger à Jijel.
Sur la corniche
Une fois le pont des Falaises franchi vers l'est, la corniche ouvre grand ses bras, généreusement, aux derniers contingents d'estivants qui trouvent du plaisir à marquer une pause à chaque curiosité de la nature.
Les curiosités il y en avait. Pour admirer la faune locale, poser avec des groupes de singes qui ne craignent plus l'homme comme par le passé ou tout simplement s'attarder sur l'un de ces panoramas qui se succèdent comme des bornes kilométriques, entre Mansouriah et le Grand phare, la plage la plus prisée, à un pas de Jijel où un carré est réservé au familles.
Une expérience lancée il y a trois saisons qui n'a rien à envier aux plages de Tunisie, disent ceux qui avaient, à tort, cherché le calme, la discrétion et la sécurité des plages dans le pays voisin. Au prix que l'on sait, avec en moins la nature dans tout son mystère.
A Jijel, les vacances commencent le long de la corniche. Ce sont peut-être les meilleurs moments d'un séjour toujours trop court mais, hélas, qui comporte sa dose de désagréments. Dès les premiers instants, on sort les grands moyens : caméras, appareils photo et portables, pour éterniser ces moments près du parc de Taza, des grottes merveilleuses et au niveau des Aftis où la forêt dispute les moindres espaces aux criques et aux plages.
Les automobilistes, qui une heure plus tôt s'impatientaient de gagner Ziama, El Aouana ou Jijel, ne sont plus pressés. Le coucher du soleil à partir de l'un des «miradors», derrière l'un des collines du Grand phare est un événement quotidien chaque fois plus beau. Un cadeau de la corniche où la circulation est ici plus fluide depuis l'entrée en service, cette année, du tunnel de Ziama Mansouriah construit par les Italiens.
La route est beaucoup plus large et en parfait état. Tout au long de la côte de Saphir, les moindres espaces sont négociés par les campeurs et les colonies de vacances, un endroit où il était impossible de s'arrêter dans les années 90. La sécurité y est totale, de nuit comme de jour, toute l'année, et la nature encore plus belle.
Le nouveau wali
Les habitants de Jijel, habituellement avares en éloges pour les autorités locales – souvent non sans raison –, disent le plus grand bien du nouveau wali, déjà là depuis plusieurs années.
«Il a fait un travail remarquable», admettent les plus mauvaises langues de la ville qui ne regrettent pas, disent-ils, la mise à l'écart de certains responsables, plus soucieux d'être là pour se servir.
Des critiques qui ne sont pas propres à cette seule région. Les infrastructures routières, le paysage et même les habitudes de la ville réputée conservatrice ont changé. A l'origine, une belle expérience culturelle en 2007, marquée par un riche programme d'animation artistique nocturne.
«Jijel by night» sur les quais du nouveau port de pêche, au pied de l'historique Fort Duquesne, base arrière des frères Barberousse qui ont régné en maîtres sur la Méditerranée. Un généreux programme de «stars» de la chanson algérienne réservé pour les seules personnes accompagnées et les familles, avec des vedettes de tous les genres, de Double Canon à Benzina.
Voir les jeunes filles de Jijel et les familles des vacanciers se défouler sur la piste, au rythme des meilleurs succès, c'est inédit dans cette ville aux deux milles ans d'histoire. Le jeune wali a vu juste : les Jijeliens ne sont pas moins ouverts ni plus conservateurs que le reste des Algériens.
Au plus, une ville restée renfermée sur elle-même parce que la culture n'avait jamais été une préoccupation prioritaire pour les responsables locaux. Pour les habitants de la ville comme pour les vacanciers dont le nombre est impossible à estimer, en centaines de milliers ou en millions de visiteurs, le secteur du tourisme fait encore dans le bricolage.
On parle depuis longtemps de «zone d'expansion touristique», des Saoudiens qui ont fait une OPA sur la zone du Grand phare, de projets d'hôtels à plusieurs étoiles. De démolitions des constructions sauvages qui défient tout sens de l'urbanisme.
C'est paradoxalement le nombre des indus occupants qui s'est multiplié sur les meilleurs sites touristiques, un véritable scandale, du béton dans des zones de proximité des plages, titres de propriété en main. Certains ont compris avant tout le monde que le jour des indemnisations viendra avec le lancement de la «zone d'expansion touristique».
La qualité dans les hôtels
Au même moment, les gens continuent de rêver de voir enfin le tourisme reprendre ses droits dans une région où le chômage est plus élevé que dans n'importe quelle wilaya sans les atouts de Jijel. Les seules réalisations hôtelières qui l'on aperçoit sont modestes et peuvent se compter sur les doigts d'une seule main.
L'une des premières initiatives hôtelières a commencé avec l'hôtel Louiza, au centre-ville, les Emeraudes à l'est, Bouhanch à l'ouest. Une expérience réussie, suivie par la construction de l'hôtel Jazira au centre-ville dont l'enceinte éclaire à intervalles réguliers l'obscure rue centrale.
Son propriétaire, Djamal Tebibel, est très exigeant en matière de normes. Il a introduit l'ascenseur, le premier de la ville, installé la climatisation et la TV dans chaque chambre, prévu toutes les commodités, et veille sur la restauration de qualité à des prix étudiés.
Il n'a pas de personnel qualifié et pense à recruter directement parmi les stagiaires de l'école d'hôtellerie de Tizi Ouzou. Nadir Khelaf, un autre enfant de la ville, offre lui aussi les mêmes commodités sur fond de rigueur dans le service hôtelier : son petit hôtel, à l'origine une villa au bord de la plage de Jijel, est une merveille qui aide à sauver la face au tourisme.
Tout près, un hôtel de quatre ou cinq chambres dont le propriétaire est Ouali, un ancien émigré de retour au bled, affiche complet depuis le début de l'été.
Tout comme les deux premiers, il veille sur la qualité du service dans les chambres comme dans le restaurant. Un total cinq ou six hôtels de qualité, plus ou moins récents qui apportent la preuve que l'intérêt pour la relance du secteur touristique est réelle.
C'est toute l'infrastructure hôtelière au sens noble qui gravite autour du prestigieux hôtel Kotama (l'ex-Casino construit en 1930) et qui porte le nom de la tribu qui a fondé Jijel.
Rôtisseries, pizzerias et pollution
Le reste des initiatives dans le secteur du tourisme est un outrage à l'urbanisme et à l'environnement. Une injure au touriste qui n'a pas le choix du menu.
La tentation du gain facile, pas toujours évident, a conduit beaucoup d'«investisseurs» à faire n'importe quoi, n'importe où, déformant jusqu'au visage de la prestigieuse promenade qui longe la plage du casino sur toute sa longueur, où les pizzerias succèdent aux pizzerias et les rôtisseries succèdent aux rôtisseries.
Le tout couronné, la nuit tombée, par le vacarme des automobilistes désœuvrés et les va-et-vient de la foule. Jijel est alors à l'image d'une ville qui a perdu jusqu'à son âme, après avoir égaré ses repères, plongée dans l'activité intense de ces commerces polluants qui poussent comme des champignons sur les meilleurs sites.
Pas un seul restaurant digne de ce nom. Dans le temps, le Glacier offrait un riche menu à base de fruits mer, de poisson de la matinée, se rappellent les nostalgiques de la ville. Depuis deux décennies, il a fermé ses portes pour une activité plus lucrative, après avoir connu le même sort que le cinéma dont il portait le nom.
C'est tout le destin aussi de bon nombre de villes côtières qui cherchent leur vocation. Le long de la belle et large «promenade», qui longe la plage du casino, les marchands de brochettes et les pizzerias de fortune à l'hygiène douteuse, les vendeurs de CD et les marchands ambulants, toutes «spécialités» confondues, font la loi.
Dans ce brouhaha, le vieux tube de Meskoud, un amoureux du camping dans la plage Andreu rajoute à la désolation d'une ville sans âme : «Koulouli ya samâin ouine el asima ouine».
Bien sûr, devant une telle dégradation de l'environnement où, en dehors du Grand phare, les plages et les criques sont depuis longtemps des décharges publiques, les «mauvaises langues», certains commerçants de la ville se délient sur fond d'humour et cherchent des bouc émissaires tout désignés : «Les touristes des alentours ramènent avec eux leurs provisions de la journée et nous confient la tâche de nettoyer les ordures sur les plages à leur départ.»


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