De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi La formule aventurière et plaisante adoptée par les jeunes en quête de vacances à moindre prix est restée sans conteste le camping à proximité des plages. Au fait, cette tradition apparaît, voire se perpétue pour la plupart, après l'étape des camps de colonies de vacances. Le goût de l'aventure continue de régner dans l'esprit des futurs campeurs qui, à force de côtoyer la «mer nocturne», depuis l'âge de l'innocence, vont tisser une relation durable avec la belle lune, quitte à devenir par la suite, à leur tour, des moniteurs pour animer et veiller sur les poussins pendant les vacances. Pour d'autres, le recours au camping s'impose faute de moyens financiers. Passer quelques jours sous une tente avec ses amis de quartier forgerait davantage la vie de célibataire et anticiperait sur une prochaine étape de la vie pré-active. «C'est un prélude sans conteste au service national, mais dans une ambiance divertissante», ironisait un jeune campeur qui venait de plier sa tente du côté d'Oum El Ksob, de la belle et envoûtante région de Collo où il avait passé quelques jours avec ses camarades de classe de terminale. Cependant, les séquelles de la barbarie demeurent indélébiles dans les esprits de quelques villageois de la côte profonde. Il est bon de rappeler que, sur quelques plages, la baignade était interdite (Jijel, par exemple) non pour cause de «drapeau rouge» mais par intimidation des terroristes qui imposaient leur «précepte», même sur le sable doré innocent ! Alors, que dire des camps de vacanciers pendant cette décennie ! Point de tente au risque de se faire abattre. Heureusement que le terrorisme n'a pas eu raison des campeurs qui commencent au fur et à mesure, à la faveur de la stabilité sécuritaire de ces régions, de recevoir des caravaniers. En dépit de leur nombre réduit, on avancera que ce mode d'hébergement aura franchi un grand pas étant donné la traversée du désert l'ayant sanctionné. En outre, il importe de souligner que le béton a squatté le moindre carré d'espace vert aux alentours des quelques forêts limitrophes des plages, ce qui ne laisse pas grand-chose aux amateurs des feux de camp. Ajoutez à cela, l'implantation de bungalows destinés à la location, outre les centres de colonies de vacances. «Il n'y a pas vraiment de places aménagées pour monter nos tentes, déplore un mordu de la nature, seuls quelques lieux demeurent accessibles, mais ils sont loin de contenir tous les campeurs si l'on met en exergue les normes de sécurité et d'hygiène.». Par ailleurs, certains «pêcheurs» amateurs préfèrent passer la nuit au bord de la plage, peu importe la mer dès lors que l'on ne ferme presque pas l'œil, pour tenter quelques coups de moulinet. Les plages d'Annaba, de Skikda, de Collo, et de Jijel sont sous la garde minutieuse de la gendarmerie avec la traditionnelle assistance de la Protection civile pour assurer la sécurité des estivants. Tamanart, lieu de prédilection des campeurs constantinois bien avant la tragédie nationale aura cédé la place, ces dernières années, à El Marsa et à la baie de Chtaïbi (Annaba). Beaucoup de bâtisses «carcasses» ont été érigées pour être louées notamment, et, du coup, freiner la longévité des caravaniers. Pendant les années 1980, beaucoup de Constantinois qui ont eu écho de la valeur du foncier se sont vu attribuer des parcelles de terrains à des prix symboliques… sur une baie classée parmi les plus belles au monde. A vrai dire, les tentes n'auront de beaux jours devant elles qu'avec les scouts, les Sahraouis,... et autres férus passagers. Car la passion pour le feu de camp semble être surclassée par des pavillons climatisés et de surcroît beaucoup confortables moyennant un coût réduit en cohabitation. Par ailleurs, la majorité de cette génération à tendance «in» de jet-ski, de surf et autres vacarmes de distraction, c'est une question de goût, ne supporte vraiment pas le «calme nocturne» de la forêt encore moins le bruit des ressacs… «Le camping, c'est bien de l'essayer un jour, mais je trouve que, c'est une corvée de le faire. Les vacances, c'est, après tout, la détente et le repos. Ainsi, être sous une tente et penser à cuisiner et à faire des courses, je crois qu'on n'est pas sorti de l'auberge. Il vaut mieux rester chez soi», dit un vacancier habitué à passer ses vacances dans des «complexes touristiques». A chacun ses moyens, devrions- nous dire, dès lors que l'attrait pour cette aventure ne renferme en son sein que quelques personnes avec la «toile» dans le sang… et l'eau sous les pieds.