En visite à Bordj Bou-Arréridj, dans le cadre de son repérage, à travers les vingt wilayas administratives de la Wilaya III historique, pour son film Les Lions d'Algérie, nous avons rencontré le réalisateur Ahcène Osmani qui retrace son parcours, non dénué d'embûches, selon lui, mais il préfère évoquer son expérience et surtout parler du projet de son nouveau film. Liberté : Vous êtes réalisateur et fils d'un révolutionnaire algérien. Pouvez-vous brièvement vous présenter ? Ahcène Osmani : Issu d'une famille algérienne, orphelin de père, tombé au champ d'honneur durant la guerre de Libération, témoin oculaire des atrocités coloniales perpétrées en Algérie, natif de Tighilt El Hadj Ali dans la commune de Larbâ Nath Irathen et père de six enfants, je suis scénariste, producteur et metteur en scène. On dit que vous êtes le précurseur d'un cinéma révolutionnaire algérien. Qu'en est-il? Je ne suis qu'un agent au service de cette histoire algérienne. Par mes productions, je tente seulement de préserver un minimum du vécu de ses hommes et femmes qui ont donné leur sang et leur vie. S'agit-il d'un film sur l'histoire de l'Algérie ? C'est un film de mémoire. Mémoire algérienne vécue par tous les Algériens, sans aucune frontière ni barrière. Et cela représentait un défi majeur que “d'accoucher” de ces mémoires-là, dans la mesure où beaucoup de personnes qui ont vécu cette période ont disparu. Il s'agissait donc de faire ressurgir des mémoires des vérités sur les faits historiques réels, des personnes qui ont marqué à jamais notre pays. Il nous fallait aussi aller au-delà du folklore, de l'accent et de la gestuelle, pour rencontrer la sincérité et l'objectivité historique et surtout mettre en relief l'unité algérienne qui n'a pas été affectée malgré des années de colonialisme. À quel titre personnel avez-vous ressenti le besoin de réaliser Les lions d'Algérie ? Pendant très longtemps, j'ai voulu rendre un petit quelque chose à ces hommes et femmes qui ont marqué cette période de l'histoire algérienne. Parce que la volonté de tout le peuple algérien et de ses dirigeants va dans le même sens qui est celui de préserver l'histoire et de la transmettre sans aucune tricherie. Je voulais expliquer aux jeunes que ce qu'on leur a dit, ‘'De Gaule a donné l'indépendance aux Algériens'', est faux. Venez voir les atrocités du colonisateur et en même temps les sacrifices, la souffrance, la volonté, la générosité et l'unité du peuple algérien. Ce n'est pas la culture de la haine que je sème mais celle de la tolérance tout en me basant sur des vérités historiques et surtout sur un peuple qui s'est toujours rattaché à son unité, à sa terre, à sa croyance, à sa culture et à ses origines. C. B.