De nouvelles incitations au crédit à la promotion immobilière seront lancées prochainement au bénéfice des citoyens souhaitant acquérir, bâtir ou agrandir leur habitation. C'est ce qu'a annoncé le ministre des Finances, Karim Djoudi, au président de la République lors de la réunion d'évaluation consacrée au secteur des finances. Le chef de l'Etat a instruit à cette occasion «le gouvernement à valoriser et mettre en œuvre l'ensemble des encouragements et incitations déjà arrêtés en faveur de l'investissement local et de poursuivre la remise à niveau de l'outil industriel public encore viable tout en y encourageant des partenariats de qualité». Dans le cadre de la loi de finances complémentaire pour 2009, l'Etat a prévu des mesures incitatives pour encourager les crédits immobiliers, notamment des taux d'intérêt de 1% en faveur des fonctionnaires. Lors de la réunion d'évaluation avec le président de la République, le ministre des Finances a indiqué que des mesures seront prises pour développer le crédit immobilier en Algérie. Actuellement, certaines catégories de salariés n'ayant pas accès aux logements construits ou aidés par l'Etat, sont incapables de contracter des crédits bancaires au vu des taux d'intérêt appliqués et de l'absence d'un marché immobilier transparent travaillant en étroite collaboration avec le secteur bancaire. Au sujet du développement du secteur bancaire, le premier magistrat du pays a souligné que «la réforme des systèmes bancaire et financier doit se poursuivre pour les moderniser et en accroître l'efficacité. L'économie de marché se consolidera également mais tout cela ne saurait aboutir à un libéralisme incontrôlé mettant en cause les intérêts de la collectivité nationale». Dans ses remarques et directives, le président de la République a abordé également la crise mondiale et ses implications, relevant que c'est grâce aux choix prudents qu'elle a effectués tout au long de cette décennie que l'Algérie arrive à maintenir aujourd'hui sa dynamique de développement. Le chef de l'Etat a ajouté qu'il s'agit de poursuivre et de suivre de près cette même politique de prudence, à travers la rigueur et la lutte contre tout abus dans la dépense publique. La promotion d'une économie diversifiée et de nouvelles recettes pour le pays demeurent indispensables, pour le président de la République. S'agissant du plan de développement quinquennal 2010-2014, l'Etat «s'y attellera encore fortement avec un nouveau programme d'investissement public qui dépassera nettement les montants déjà avancés». Dans ce contexte, Abdelaziz Bouteflika appelle à la contribution des agents économiques qui doivent, selon lui, «emprunter ce même chemin pour récupérer d'abord le marché local, réduire le coût des importations et partir à la conquête de nouveaux marchés à l'étranger». Des directives et des recommandations qui illustrent des attentes de l'Etat en matière de développement économique. Inflation : 4,4% en 2009 Lors de cette réunion d'évaluation, le ministre des Finances a fait état d'un bilan des réalisations enregistrées ces dernières années et des projets inscrits pour l'avenir. Le grand argentier du pays a exposé la situation économique et financière du pays et ses perspectives. «Les premières indications pour l'année 2009 permettent d'escompter une croissance en volume plus élevée du produit intérieur brut (PIB) hors hydrocarbures. L'inflation, qui avait atteint 4,4% en 2008, en contexte d'inflation élevée au niveau mondial, devrait rester à ce niveau en 2009», a expliqué le ministre des Finances, ajoutant à l'occasion que «les finances extérieures du pays n'ont pas manqué de subir les effets de la crise mondiale, à travers le recul des prix des hydrocarbures». Les finances publiques subissent le recul de la fiscalité pétrolière, a signalé Karim Djoudi, avant d'ajouter que cela n'a pas autant affecté l'intensité de la dépense publique de développement. Les cinq premiers mois de l'année 2009 comparés à la même période de l'année 2008 auront enregistré un recul de la fiscalité pétrolière de l'ordre de 40%, compensée en partie par une amélioration des recettes ordinaires du Trésor, en hausse de 30%. Malgré ces aléas liés à la conjoncture internationale, les mesures décidées par le chef de l'Etat au cours de cette décennie permettent aujourd'hui au pays d'affronter la situation avec sérénité, et de poursuivre son intense rythme de développement grâce à l'épargne publique accumulée. Il en a été ainsi du remboursement anticipé de la dette extérieure pour 16 milliards de dollars, de l'arrêt du recours aux emprunts extérieurs, et des différentes mesures destinées à freiner la flambée des importations et l'accélération des transferts de capitaux. Réorganisation de la commission nationale des marchés Le prochain programme quinquennal permettra également de poursuivre le développement humain et de concourir aux nouveaux reculs attendus du taux de chômage, grâce à la création de 3 millions d'emplois, dont la moitié sous forme d'emplois d'attente. S'agissant de la modernisation de l'administration des finances, le ministre des Finances a souligné le développement de la mission de la Caisse nationale d'équipement pour le développement (CNED) dans la maturation des projets, la réorganisation de la Commission nationale des marchés pour accompagner l'important volume des contrats négociés par les administrations et agences publiques, le renforcement du rôle des contrôleurs financiers dans la vérification de la régularité des dépenses, ainsi que la dynamisation de la mission préventive de l'Inspection générale des finances (IGF). L'administration des douanes a engagé, selon lui, un important programme de développement et verra bientôt le dépôt d'un projet de révision du code des douanes. S'agissant de l'administration domaniale, le grand argentier du pays a annoncé la finalisation du dispositif régissant la concession du foncier pour l'investissement et la progression dans les opérations d'établissement du cadastre général pour l'ensemble du territoire national. Cette opération sera parachevée la fin de l'année 2014. Quant à la poursuite de la réforme des banques publiques, le ministre des Finances a évoqué de nouveaux contrats de performance pour leurs dirigeants, la généralisation graduelle de programmes de formation des personnels et d'amélioration des méthodes en partenariat avec de grandes banques étrangères, ainsi que le doublement des fonds propres des banques publiques. Pour la Bourse d'Alger, un plan de modernisation et de développement du marché financier est en cours d'élaboration, a-t-il affirmé, et ce pour «aboutir à sa dynamisation dans un cadre transparent et bien régulé». Financement des PME : une évolution de 150 % Le financement du développement a franchi des pas appréciables durant les douze derniers mois, a tenu à souligner M. Djoudi. Une amélioration de près de 150% du volume des microprojets financés par les banques a été enregistré, et ce, grâce à une meilleure incitation au financement des investissements des PME par l'octroi de la qualité de garantie d'Etat. Le développement des mécanismes et institutions de leasing au bénéfice de produits industriels locaux, ainsi que l'ouverture en cours de filiales des banques publiques, de leasing et de capital investissement au niveau de chaque wilaya, la création du Fonds national d'investissement (FNI) qui accompagne les entreprises publiques engagées dans des programmes de modernisation et de mise à niveau, et prend part aux participations nationales majoritaires dans les opérations de partenariats sont autant d'instruments mis en œuvre pour le développement des entreprises. S'agissant du secteur des assurances, une école nationale des assurances et un fichier national des conducteurs (dans le cadre de la lutte contre la fraude à l'assurance) seront mis en place.