A l'allure débonnaire, au visage de jeune premier et au look branché, El Walid Benayad-Chérif raconte à l'envi son parcours musical prolifique en expériences enrichissantes entre Alger et Paris. Entre lui et la musique, c'est une longue histoire d'amour. Tissée au fil du temps. Par atavisme, il a investi ce créneau, lui qui a été bercé par la musique durant son enfance avec une mère, une grand-mère et des oncles maternels pianistes. Cet apport culturel fécond issu de son appartenance à une double culture algéro-polonaise fait qu'El Walid a emprunté ce cheminement comme un legs à sauvegarder. Ses multiples activités l'ont introduit dans ce monde de la musique sans pour autant y perdre ses valeurs. Sa certitude ? Vivre de la musique tout en valorisant et respectant l'artiste selon son mérite. Citoyen du monde ? Il n'a pas d'appartenance particulière en matière de musique, mais reste rivé à la culture hip-hop qui lui offre une certaine latitude. Dans cet entretien, il se livre sans fard, avec émotion, évoquant sa passion et sa véritable vie, la musique. Comment avez-vous fait une incursion dans le monde de la musique ? Pour moi, la musique est plus qu'une passion, elle constitue ma vie, et de ce fait, dès mon jeune âge, j'ai fait une formation de musique classique au conservatoire d'Alger dont deux années de piano et huit ans de violon, ainsi que deux autres années comme élève du premier violon soliste de l'orchestre de l'Opéra de Paris. Ensuite s'est opéré un changement de registre car je recevais de ma famille à New York des cassettes de Krsone et Beasties Boy et Public Enemy. C'étaient les prémices du hip-hop et du rap. J'ai basculé dans cette tendance lors de mon arrivée à Paris où j'étais attiré par le rap. De cette découverte, je suis passé au tag, au graph et puis à la danse, ensuite départ à New York, la mecque du hip-hop Revenant à mes premières amours, avec deux amis, on a monté un groupe de musique rap, et parallèlement on représentait le groupe Psycho Clando, très proches des Psykopat qui étaient les danseurs de NTM en suivant les enregistrements et les réalisations de leurs albums en studio . De cette expérience, j'ai apprécié le travail en studio en équipe avec la réalisation d'albums. J'étais très attiré par les technologies d'enregistrement et les nouveaux instruments utilisés. Comme chacun a suivi une trajectoire différente, le groupe s'est dispersé. Ma nouvelle expérience a été en tant qu'illustrateur, et directeur artistique musical pour la société japonaise de prêt-à-porter Junk By Junko Shimada. J'avais en charge de trouver des DJ et j'ai choisi des DJ comme David Radigan et DJ Obsession, DJ Chill Pop pour des défilés de mode, événements musicaux et soirées de présentation de collections qui se déroulaient à Paris, notamment à l'hôtel Crillon. Comment s'est opéré votre retour à la musique en montant votre groupe Manufactura ? Notre nouvelle formation artistique intitulée Manufactura a pris forme avec mon ami membre de Psykopat dont le nom de scène est l'Animal XXX. Ce groupe à l'assise hip-hop nous a ouvert d'autres horizons, tout en restant lesté à cette tendance et en la revendiquant. A mon arrivée à Alger à l'été 2000, j'ai collaboré avec une boîte de production avec laquelle j'ai entrepris de produire de nouveaux talents.Etant le directeur artistique, j'ai participé à l'album de Slamyka qui a pris forme après neuf mois d'enregistrement Votre avis sur l'artiste qui ne vit pas de son art ? En tant que musicien ayant côtoyé les artistes, mon opinion est que l'on peut être productifs et gagnants sans léser l'artiste et en respectant son art. Le véritable problème est le manque de statut de l'artiste en Algérie, l'artiste n'est pas respecté ni valorisé à sa juste valeur. Il est primordial qu'il vive de son art et doit impérativement avoir les moyens de sa création. . Quels sont vos futurs projets ? Arriver au bout de mes projets et éventuellement repartir sous d'autres cieux pour de nouvelles expériences.