Le rêve de devenir constructeur automobile remonte à la fin des années soixante du siècle dernier, lorsque l'Algérie avait lancé le projet Fatia, une voiture légère dont les portières devraient s'ouvrir verticalement (innovation technologique futuriste à l'époque !). L'implantation de l'usine, et semble-t-il même sa construction avancée, était prévue sur un terrain sis à Tiaret. Le rêve ne s'est jamais concrétisé, et le site a été repris par le ministère de la Défense nationale pour y fabriquer des véhicules à quatre roues motrices. D'une certaine manière, le site renoue avec sa vocation première.Mais voilà que le rêve revient, et par la grande porte, si l'on ose dire ! En effet, et comme cela a été rendu public récemment, ce n'est rien moins que les concessionnaires automobiles algériens qui ont pris sur eux de le relancer avec la ferme volonté de le sortir des limbes et de l'inscrire dans la réalité. Incha Allah ! L'AC2A (Association des concessionnaires automobiles algériens), par la voix de son président Mohamed Baïri, informe qu'elle s'apprête à soumettre aux autorités publiques une étude «sur les perspectives d'implantation en Algérie d'une industrie de fabrication de véhicules touristiques». Il ajoute que l'AC2A va travailler avec des partenaires prestigieux, tels que l'Upiam et le FCE, c'est-à-dire l'Union professionnelle de l'industrie automobile et mécanique et le Forum des chefs d'entreprise, pour réunir «les conditions nécessaires à l'avènement d'une telle industrie en Algérie». La question qui se pose, c'est pourquoi une telle initiative n'est venue que maintenant, notamment après les contraintes posées aux concessionnaires par la LFC 2009, d'autant que l'on apprend que le projet est à peine au stade de l'écrit ? Autrement dit, on est en plein effet d'annonce. Est-ce que cet effet d'annonce sera suivie d'actes concrets sur le terrain ? Cela est plausible, si les pouvoirs publics accordent un régime préférentiel aux constructeurs qui veulent s'installer en Algérie, c'est ce qui ressort nettement des déclarations du président de l'AC2A et qui ne signifient rien d'autre que la volonté des constructeurs de ne pas être absents d'un marché estimé à 4 milliards de dollars. C'est donc une manière d'accepter les nouvelles contraintes, mais en mettant des conditions pour rester présents sur le marché algérien. Cela semble de bonne guerre. Comment vont réagir les autorités publiques qui peuvent interpréter les conditions posées par les constructeurs, via les concessionnaires, comme du chantage ? Et l'on sait que le pouvoir algérien a horreur d'être mis sous pression. C'est donc une affaire qui ne fait que commencer, et elle peut prendre fin brutalement, tout comme, effectivement, elle peut être l'amorce d'un dialogue, difficile en tout cas, entre les constructeurs et les autorités publiques qui peut déboucher sur l'avènement souhaité d'une industrie automobile algérienne.