Les nouvelles dispositions apportées par la loi de finances complémentaire 2009 constituent une «œuvre de salubrité publique», a tenu à souligner le président-directeur général de la Banque extérieure d'Algérie (BEA), Mohamed Loukal, dans une conférence régionale à Oran. A la tête de l'une des plus importantes banques publiques versées dans le commerce extérieur, M. Loukal a évoqué des «pratiques de surfacturation, d'importation de biens inutiles et des incidents de paiement». Les déclarations de ce haut responsable dans le secteur bancaire vont certainement susciter des réactions au sein de la communauté des chefs d'entreprises qui ont eu à critiquer les dispositions de l'ordonnance portant loi de finances complémentaire pour 2009. Le PDG de la BEA a considéré que «les nouvelles mesures (la loi de finances, ndlr) mettent fin à certaines pratiques telles la surfacturation, l'importation de biens inutiles, les incidents de paiement et autres comportements fort nuisibles à l'image du pays». La déclaration de M. Loukal a été faite lors d'une rencontre régionale organisée mercredi soir à Oran au profit d'une centaine d'opérateurs économiques clients de la banque. Cette rencontre d'information a été consacrée à la vulgarisation des nouvelles dispositions de la loi de finances complémentaire 2009, principalement celles relatives au paiement des importations par le seul crédit documentaire (crédoc). La rencontre a permis au PDG et aux cadres dirigeants de la BEA de rassurer les opérateurs économiques sur le soutien de la Banque à leurs opérations de commerce extérieur et de leur présenter les solutions préconisées. «Le crédoc a donné lieu à nombre d'interprétations et il est tout à fait logique que la banque intervienne auprès de ses partenaires pour les aider à surmonter les difficultés qu'ils éprouvent pour s'intégrer dans la nouvelle mécanique», a affirmé le patron de la BEA, ajoutant que «le législateur a décidé de nouvelles mesures pour l'encadrement du commerce extérieur et nous apportons notre concours en tant que techniciens afin de mettre à la disposition des opérateurs économiques les meilleurs mécanismes pour conforter leur position sur le marché». Au sujet de la mobilisation de la trésorerie des entreprises pour les importations, la BEA propose le paiement différé. S'agissant des entreprises bancables (solvables), la BEA a pris, selon son premier responsable, un certain nombre de mesures pour l'importation de matières premières destinées à la transformation et à la création de la valeur ajoutée. Entre autres mesures prises, un délai maximum de sept jours pour l'ouverture de tout type de crédit documentaire et la révision du provisionnement qui peut ne pas être exigé à l'ouverture de la ligne de crédit. Affaire BCIA : la BEA récupère son dû A l'occasion de la conférence régionale d'Oran, le PDG de la BEA a évoqué le dossier de l'ex-Banque commerciale et industrielle d'Algérie (BCIA) qui a causé un préjudice financier important de l'ordre de 13 milliards de dinars à la BEA. Selon M. Loukal, plusieurs biens ont été recensés au nom de personnes condamnées à dédommager la BEA dans le cadre de l'affaire de l'ex-BCIA. Ces biens seront saisis conformément à la décision de la justice prononcée en juin par le tribunal criminel près la cour d'Oran, a indiqué à l'APS M. Loukal. L'opération suit son cours, ajoute-t-il, pour déterminer l'existence en Algérie ou à l'étranger d'autres biens meubles et immeubles chez l'ensemble des personnes concernées. Le tribunal d'Oran avait statué sur le volet civil de cette affaire le 9 juin en approuvant le rapport d'expertise qui met en évidence la part incombant à chacun des 48 condamnés, dont 9 en état de fuite, tenus de dédommager la BEA d'un préjudice de plus de 13 milliards DA. Les concernés doivent également verser à la BEA un milliard de dinars pour la réparation du préjudice moral subi par cette banque. L'affaire BCIA a pour trame de fond des traites avalisées en 2003 par cette ex-banque privée mais jamais remboursées à la BEA. Le patron de la BCIA, Ahmed Kharroubi, et son fils Mohamed Ali, tous deux sous le coup d'un mandat d'arrêt international, figurent parmi les personnes en fuite et condamnées par contumace le 28 février 2007 à 10 ans de réclusion.