Réagissant aux dernières déclarations des responsables de l'Eepad concernant le transfert de ses abonnés et le montant de la dette cumulée par le provider, Algérie Télécom (AT) a apporté hier des éclaircissements de taille sur le bras de fer qui l'oppose à l'entreprise de Nouar Harzallah. AT n'écarte pas le recours à la justice pour récupérer son argent. Preuves à l'appui, des documents authentiques, AT réfute toutes les accusations et maintient sa position sur le recouvrement de la dette. Un haut responsable de l'opérateur historique nous a retracé la genèse de l'affaire des créances, qui remonte à fin 2007. En effet, le fournisseur d'accès internet privé était redevable à AT de 1, 4 milliard DA en novembre 2007, alors que les tarifs d'internet n'avaient subi aucune baisse. Suite au non-respect des obligations ayant été signifiées dans la signature de convention entre les deux parties, où le provider s'est engagé à payer des factures mensuelles, l'Eepad est tout de suite saisie. Plusieurs réunions entre les deux parties ont été tenues dans le but de trouver un compromis. Le groupe national a fini par lui accorder en janvier 2008 un échéancier sur 24 mois. L'Eepad n'a, malgré la souplesse dans le payement accordée, pas honoré ses engagements. Après plusieurs relances, AT a procédé en avril à la mise en demeure de la suspension partielle des prestations de services fournies. Après une courte coupure, l'opérateur public a décidé de rétablir la connexion internet afin de ne pas pénaliser les clients, en lui accordant un deuxième échéancier pour le recouvrement de ses créances avant le 26 mai. L'Eepad s'est engagé dans le nouvel accord à payer mensuellement 50 millions de dinars, sur 486 millions de dinars, représentant le paiement d'une seule échéance, en plus des factures mensuelles de l'exercice 2009. L'Eepad s'est engagé également à payer en plus de cette échéance un montant de l'ordre de 430 millions DA représentant les mensualités de janvier, février et mars 2009 sur le total de sa dette antérieure, qui s'élevait à 2,6 milliards DA. Cette décision a été prise lors d'une réunion en mai qui a regroupé l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT), Eepad et Algérie Télécom. Toutefois, l'échéancier est resté lettre morte. AT a donc envoyé une mise en demeure à l'Eepad en juin 2009 pour l'inciter à respecter ses engagements. Toujours dans le but de trouver un consensus, une commission a été installée au niveau du ministère de la Poste et des Technologies de la communication et de l'information pour analyser les dettes du provider. Les réunions des deux parties avec cette commission se sont étalées sur plus de quatre mois, où des anomalies ont été relevées sur les factures émises par AT. Ces factures ont fait l'objet de régularisation, mais aucun payement n'est parvenu à AT depuis le 25 mai, à l'exception de 50 millions DA versés le 26 mai qui représentent le tiers d'une facture mensuelle. Trois fois rien comparé aux dettes du provider, surtout lorsqu'on sait qu'AT supporte un coût mensuel d'environ 330 000 euros pour assurer la liaison du fournisseur d'accès internet avec les opérateurs étrangers. Après plusieurs négociations, suspension des prestations fournies à l'Eepad Devant cette situation, l'opérateur national a été contraint de procéder à la suspension des prestations fournies à l'Eepad en date du 2 septembre. Selon des sources bien informées, l'Eepad serait incapable de payer ses dettes, puisque la société ne détient aucune réserve. Et pour cause, tous les projets de Harzallah ont été réalisés sur la base de crédit bancaires, d'autant plus que ses biens immobiliers sont hypothéqués par l'Etat. Selon notre source, le propriétaire du provider transférait illégalement les bénéfices réalisés en Algérie vers ses deux filiales à l'étranger, ce qui explique le chiffre d'affaires élevé de sa filiale en France. Harzallah posséderait une filiale assez rentable à Paris, dont le chiffre d'affaires avoisinerait les 7 millions d'euros et avec un seul effectif. Concernant le basculement des quelque 37 000 abonnés de l'Eepad vers le réseau d'AT, un haut responsable du groupe public précise à ce sujet que le client est libre de demander un abonnement à AT, qui peut effectivement absorber tous les nombreux abonnés du provider. Et pour revenir à l'affaire des créances de l'Eepad, la même source affirme qu'AT campe sur sa décision et veut récupérer son argent. Elle n'écarte pas l'éventualité de saisir la justice pour obliger Harzallah à payer ses dettes. Affaire à suivre.