Intervenant jeudi au Forum du quotidien El Moudjahid, Le président de la Commission consultative nationale de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH), Me Mustapha Farouk Ksentini, s'est longuement exprimé sur le statut «indépendant» et le rôle de la commission qu'il préside, la réconciliation nationale (voir l'article de N. Bourihane), l'état des prisons algériennes ainsi que d'autres sujets relatifs aux droits de l'homme. «Je n'ai jamais reçu de directives même émanant du président de la République», tente de justifier Farouk Ksentini pour défendre le caractère indépendant de la CNCPPDH. Il affirme que la commission est «totalement indépendante», expliquant que sa création en 2001 «répondait au besoin de promouvoir davantage les droits de l'homme en Algérie». «Si je me sentais dépendant, je n'aurais pas présidé la commission», dit-il encore. Pour lui, «l'Etat, incarné par le président de la République, s'est délibérément déterminé à se protéger contre lui-même des abus et autres dépassements de toutes sortes susceptibles d'être perpétrés par l'administration et ses agents, de tous grades, au préjudice des citoyens», considérant que ce dernier est le défenseur «le plus efficient» des droits de l'homme, car, estime-t-il, plus l'Etat est conforté dans son autorité morale, mieux il accomplira cette mission». Beaucoup d'intervenants et plusieurs défenseurs des droits de l'homme se sont en effet interrogés sur le rôle de la commission qui a, rappelons-le, perdu au mois de juin dernier, son accréditation auprès du Comité international de coordination des institutions nationales (CCI) pour «dépendance» à l'égard du pouvoir et «absence de transparence dans la nomination de ses membres», notamment. Un état de fait dont se sont rendus compte les pouvoirs publics qui ont procédé, à la faveur d'une ordonnance présidentielle, au changement de statut de la commission dont la composante sera désormais élargie à la société civile. Me Ksentini a, dans la foulée, fustigé ceux qui considèrent que la commission est un «appendice du pouvoir». «Il existe 80 commissions de par le monde comme la nôtre sans pour autant qu'elles soient considérées comme dépendantes», justifie-t-il avant d'ajouter : «On est victimes des clichés.» Le rôle de la commission «qui n'est que consultative», est très restreint selon Me Fatma Zohra Benbraham, «par rapport à la grandeur des droits de l'homme». «Nous avons besoin d'une commission qui soit une force de proposition qui s'impose au président et aux institutions», argue-t-elle tout en mettant l'accent sur la place de la défense lorsqu'on évoque les droits de l'homme. Reconnaissant ce manque à gagner, Me Ksentini a avoué que les membres de la commission ne perçoivent que des indemnités symboliques, révélant par là-même que des administrations n'ont même pas pris la peine de répondre à leurs sollicitations pour médiation, alors que des walis refusent l'attribution des locaux à la CNCPPDH pour la création de structures régionales conformément aux statuts qui la commandent.