Depuis l'émission de la circulaire du ministère du Commerce, au cours du mois d'août, interdisant l'exportation des produits alimentaires à base de céréales subventionnées par le budget de l'Etat, les exportateurs algériens de couscous et pâtes alimentaires attendent des autorisations pour pouvoir honorer leurs engagements pris avec des partenaires étrangers. Ils trouvent «injustifiable» cette mesure interdisant l'exportation des produits fabriqués à base des blés dur et tendre, de la semoule, la farine, du fait que les produits qu'ils utilisent ne bénéficient d'aucun soutien de l'Etat. Ils ont saisi le ministre du Commerce depuis un mois déjà mais aucune réponse ne leur a été adressée. «Cette mesure devait être prise en 2007 lorsque le prix du blé dur avait atteint les 800 dollars la tonne», a estimé le consultant en exportation, Ali Bey Nesri. Mais, du moment que les prix du blé sur le marché international sont de l'ordre de 200 dollars/tonne, «cette décision est nulle et n'a aucun effet sur l'économie nationale». Aucune incidence économique L'autre motif favorable à son abrogation est le faible volume des exportations algériennes en pâtes et couscous. En 2008, l'Algérie a importé pour 6,5 millions de tonnes de blé et a exporté pour un volume de 17 210 tonnes sous forme de pâtes et couscous, soit un rapport de 0,26%. En valeur, ces importations représentent 3,2 milliards de dollars et 12,5 millions de dollars en terme d'exportations, soit un rapport de 0,39%. Pour 2009, l'Algérie a importé, au cours du premier semestre, 3 millions de tonnes de blé et exporté pour un volume de 14,6 millions de tonnes sous forme de pâtes alimentaires et couscous, soit un rapport de 0,49% entre les importations et les exportations. En valeur, les importations représentent 1,154 milliard de dollars alors que les exportations en produits transformés ne représentent que 9,5 millions de dollars, soit un rapport de 0,82%. Ceci signifie, selon le consultant, que «l'Algérie n'exporte rien et que les exportations des produits concernés par la mesure n'affectent pas les intérêts économiques du pays». Par contre, les exportateurs, au nombre de six, seront sensiblement touchés. Des marchés perdus Après de longues années de labeur pour construire des réseaux au niveau des marchés extérieurs, ces exportateurs seront perdants y compris en ce qui concerne leur crédibilité. Les produits concernés sont exportés vers deux destinations principales qui sont l'Europe (France, Belgique, Allemagne) et des pays africains (Niger, Mali, Mauritanie). Le couscous algérien, a-t-il précisé, est présent dans des pays européens, le Canada et les Etats-Unis. Cette interdiction a été doublement pénalisante eu égard au temps choisi pour sa prise, soit la veille du mois de Ramadhan, période propice pour l'exportation du couscous vers la France et la Belgique, pays accueillant une forte communauté maghrébine consommatrice de ces produits, a-t-il fait remarquer. Décidée de «manière intempestive, irréfléchie» et sans consultation des opérateurs économiques concernés, cette mesure bloque la dynamique naissante des exportations et il est recommandé de «l'abroger». Des exportations bloquées Les exportateurs, a-t-il ajouté, ont le droit d'importer des matières premières qu'ils transforment par la suite avant de les réexporter. Celui qui importe pour son propre compte n'est pas subventionné par l'Etat, ce qui lui ouvre droit à l'exportation, a-t-il insisté. Or, les exportateurs voulant réaliser des opérations d'exportations ont été sommés d'obtenir des autorisations. Malheureusement, il est constaté que les douanes et le ministère du Commerce fuient leurs responsabilités. Devant une bureaucratie aidant à la complication de la situation, les exportateurs attendent l'accord du ministère du Commerce pour exporter et honorer leurs engagements.