Le président Medvedev n'a pas tardé à renvoyer l'ascenseur au président Obama, pour avoir abandonné le projet de rideau antimissile que l'ex-président Bush avait l'intention d'installer en Pologne et en Tchéquie, exactement aux portes de Moscou. Pour la première fois, la Russie a rapproché sa position de celle des États-Unis sur le dossier nucléaire iranien. Sans jamais avoir appuyé l'Iran dans son programme d'enrichissement de l'uranium, ce que Moscou n'avait jusque-là jamais assimilé, du moins publiquement, à des objectifs militaires, ni Pékin d'ailleurs, le président Medvedev n'en avait pas fait, pour autant, une priorité de sa politique étrangère. Moscou avait même laissé planer son veto à toute résolution du Conseil de sécurité que l'ex-président Bush tenait absolument à lui donner les moyens d'intervenir par des sanctions militaires contre le régime iranien. Or, voilà que depuis la récente et courageuse décision de Obama de renoncer à un projet qui renvoyait à l´ère de la guerre froide des années 60-70 avec Moscou, le président russe parle, pour la première fois, de «possibles sanctions» contre l'Iran. Ce qui en langage diplomatique est un avertissement à Téhéran. Plus concrètement, s'il n'est pas pour l'instant question pour Moscou de se joindre à une coalition occidentale contre Téhéran, tout porte à croire que le chef du Kremlin n'usera pas de son veto contre d´éventuelles sanctions contre l'Iran si Téhéran ne fléchissait pas sa position sur le dossier nucléaire. L'attitude de Moscou a donné du «tonus» aux partisans de la manière forte contre Téhéran. Le président Sarkozy est allé plaider une action de fermeté, entendre d'action immédiate contre Téhéran, dans un langage direct et menaçant aux Nations unies. Ses arguments sont les suivants : Si nous sommes d'accord pour un désarmement nucléaire total à l'arrivée (à terme), il n'est pas question de permettre aujourd'hui la création de l'arme atomique, ni d'accepter la menace de rayer Israël de la carte. Dès lors le Premier ministre israélien pouvait rouler sur du velours. Devant cette même Assemblée générale de l'ONU, Benyamin Netanyahou joue la victime et oriente les souvenirs vers «le génocide du peuple juif» nié par Ahmadinejad. Israël intouchable Le dossier nucléaire iranien est devenu la priorité des priorités. Avant la question cruciale du réchauffement de la planète et de la reprise du processus de paix au Proche-Orient. Jamais encore un chef d'Etat français, de droite ou de gauche, n'a été aussi prompt à défendre la «sécurité» d'Israël, à en faire le premier axe de sa diplomatie, de se faire l'avocat du diable avec autant de zèle. Les déclarations de Nicolas Sarkozy sont venues au bon moment pour encourager Netanyahou à sévir dans son refus de céder sur la question des colonisations juives en terre palestinienne. Le président français sait que Barack Obama a échoué dans sa médiation pour faire reprendre le processus de paix israélien. Il a parlé des intentions d'un Etat de rayer Israël de la carte, sans dire un mot sur un peuple et une terre qui sont, déjà rayés de la planète. Fort de ses alliances en Occident, de la France de Sarkozy, le gouvernement israélien, après avoir réservé une fin de non recevoir aux initiatives de l'émissaire américain George Mitchell visant à geler les implantations juives en Cisjordanie, est allé le dire, sous un autre langage, à la face du monde depuis la tribune des Nations unies. Obama le découvre à ses dépens, que le lobby juif est bien plus puissant que les 52% des voix qui l'ont conduit à la Maison Blanche. Il a choisi la solution de facilité. Obliger le président palestinien à écouter de vive voix Benyamin Netanyahou lui dire que si Etat palestinien il y aura, ce ne sera que celui que l'architecture israélienne a tracé. Les Palestiniens vont très certainement payer le prix des alliances actuelles, entre Moscou et Washington, si le président Medvedev devait fermer les yeux sur la formation d'une coalition internationale contre l'Iran. Feu Saddam Hussein l'avait vérifié à ses dépens pour avoir cru à tort que son puissant allié ex-URSS ne laisserait pas faire la famille Bush. Comme entre Paris et Tel Aviv pour qui la priorité c'est l'Iran, avant l'Afghanistan. Dans les conditions actuelles une paix au Proche-Orient ne sera que celle que voudront les Israéliens. Tout le reste n'est que déclarations de bonnes intentions.