Le client de maître Morsli n'est pas un dealer. Les huit plaques de psychotropes trouvées en sa possession sont en fait des médicaments. En colère, l'avocat de Sidi Aïd a effectué une grosse envolée devant la présidente de la section correctionnelle du tribunal de Boufarik, très attentive comme d'habitude lorsqu'elle a en face un défenseur qui plaide bon, juste et correctement. C'est pourquoi elle avait bien saisi les explications de l'avocat lequel a évoqué l'article 6 du chapitre II des dispositions préventives et curatives... Jamais depuis un bon bout de temps, nous n'avions assisté à un tel élan de générosité de la part d'un conseil chargé de défendre un pauvre bougre, un drogué qui avait eu la guigne de posséder des cachets psychotropes mais pas l'ordonnance. - «Madame la présidente, la défense de Abdelghani L. ce déjà vieux à trente-huit ans voudrait, avant d'aller au fond de la plaidoirie, effectuer une seule observation à propos des éléments de la police judiciaire qui possèdent d'excellents éléments, mais aussi... - Une seule maître, sourit la présidente, très tolérante.- Promis, Madame la présidente. Comment peut-on interpeller un malade, dans un état apaisé juste après la prise de ses médicaments sans chercher à savoir la provenance de ces cachets psychotropes ?» La juge regarde sur sa droite. Djamila Benkhetou, la procureure, qui semblait bien suivre l'intervention de l'avocat lequel allait entrer de suite dans son système de défense établi autour du déclenchement de l'action publique : «Madame la présidente, le fait de se plier aux exigences de l'article 6 de la loi n°04-18 du 25 décembre 2004 relative à la prévention et à la répression de l'usage et du trafic illicites de stupéfiants et de substances psychotropes est en soi un acte allant dans le sens de la prise en charge du malade, aujourd'hui présent avec le statut d'inculpé-détenu. Un scandale !», s'est exclamé le défenseur qui a vu bon énoncer l'alinéa 2 de l'article 6 qui dispose clairement que «de même l'action publique n'est plus exercée à l'égard des personnes ayant fait un usage illicite de stupéfiants ou de substances psychotropes, lorsqu'il est établi qu'elles se sont soumises à une cure de désintoxication ou à une surveillance médicale à compter de la date du délit commis...». Maître Rachid Morsli éponge son front haut et dégarni, ôte sa paire de lunettes avant de saluer les demandes de la représentante du ministère public (application de la loi) et de jeter chaleureusement : «Madame la présidente, restituez-lui ses médicaments et remettez-le entre les mains des médecins et l'éloigner de l'incarcération.» La magistrate voit des rides naître sur son front et attaque sur le siège le dispositif avant d'annoncer le verdict qui est allé dans le sens des vœux de maître Hadj Rachid Morsli, plus que satisfait, plus que son client qui est dans un état de manque désespérant !Ah ! cette action publique !