La décision du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière d'autoriser l'administration du vaccin contre la grippe saisonnière dans les seules structures hospitalières publiques n'a pas été du goût des pharmaciens privés. Ces derniers dénoncent surtout l'absence totale d'informations sur la question. Le conseil de l'Ordre des pharmaciens et le Syndicat national des pharmaciens d'officine (Snapo) dénoncent en effet «le manque d'information et de communication ayant caractérisé cette surprenante décision». Le docteur L. Benbahmed, président de la section d'Alger et vice-président du conseil de l'Ordre, affirme pour sa part que la corporation des pharmaciens a été très mal informée par rapport aux nouvelles mesures. «Nous ne savons pas quoi répondre aux nombreux citoyens qui viennent réclamer ce vaccin. Le ministère doit informer la population par rapport aux dispositions prises afin de rassurer les habitués à ce vaccin annuel et les franges les plus vulnérables de la société.» Cette situation, qui perdure, est jugée «incompréhensible», selon le même intervenant, qui appelle le département de Barkat à communiquer aux citoyens l'information nécessaire. Les nombreuses tentatives effectuées auprès du ministère de la Santé pour avoir plus d'information concernant ce dossier ont été infructueuses. Le Snapo a pour sa part affirmé ne pas avoir été informé par les nouvelles mesures. «La non-commercialisation de ce vaccin au niveau des pharmacies constituerait un précédent grave car non seulement de nombreux citoyens seront privés de leur vaccin annuel, mais traduirait une négation franche du rôle, de la vocation et de la mission du pharmacien dans la dispensation de ce type de médicament et sa participation à une action de prévention de dimension nationale.» Le Snapo affirme également que «tous les distributeurs habituels confirment qu'ils ne disposent d'aucune information de la part de l'organisme qui détient le monopole de l'importation et de la distribution de ce vaccin aux différents grossistes, à savoir l'Institut Pasteur d'Algérie». Une virée au niveau des officines de la capitale montre que la plupart des pharmaciens déclarent ignorer cette mesure. «Le vaccin n'est pas encore disponible, mais vous savez, généralement, on enregistre toujours un retard dans sa réception. L'année dernière, nous l'avons reçu au début du mois de décembre. Cela arrive, vous savez. Nous avons fait notre commande et nous attendons comme d'habitude», nous déclare Farid, pharmacien à Chéraga. Interrogé sur la récente décision, Farid affirme ne pas être au courant. «C'est une bonne initiative, s'ils vaccinent l'ensemble de la population, moi je salue cette mesure.» Selon des sources bien informées, l'Institut Pasteur d'Algérie (IPA) aurait commandé 1,2 million de doses uniquement, une quantité jugée insuffisante. Elle sera destinée en priorité aux pèlerins et aux personnes les plus vulnérables de la population. La vaccination sera gratuite et se fera dans les centres de santé. La date d'arrivage des premières quantités demeure cependant inconnue. Le ministère a, pour rappel, pris la décision durant la première quinzaine de septembre, qui exclut les officines de la commercialisation du vaccin antigrippal. Ce dernier sera désormais disponible uniquement au niveau des centres de vaccination publics. Il est réservé aux personnes exposées et aux catégories les plus vulnérables de la population.