Le ministre de l'Education nationale, Boubakeur Benbouzid, a cédé devant la pression des lycéens qui ont dénoncé, par des manifestations de rue, la surcharge des programmes scolaires, conséquence directe du nouveau week-end. Devant l'ampleur de la protestation lycéenne, le premier responsable du secteur a adressé une circulaire aux directeurs d'établissements scolaires pour leur demander de réorganiser l'emploi du temps des élèves. «Les chefs d'établissements, sur la base de consultation avec les enseignants, les représentants des élèves et de leurs parents, peuvent répartir les quatre heures de cours dispensés précédemment durant la matinée du jeudi, tout au long de l'après-midi du mardi, la matinée du samedi ou l'après-midi du samedi», a souligné M. Benbouzid dans sa correspondance. Cette note ministérielle est rejetée, dans le fond et dans la forme, par les syndicats des enseignants qui accusent le ministre de tutelle de «bricolage» et de «fuite en avant». «En demandant aux directeurs d'établissements de réorganiser l'emploi du temps des élèves, le ministre veut fuir ses responsabilités», accuse le chargé de communication du Conseil des lycées d'Algérie (CLA), Idir Achour. Le ministre vise, selon notre interlocuteur, à faire assumer aux chefs d'établissements une «décision» qui compliquera davantage la situation déjà confuse. «Depuis 15 ans qu'il est à la tête du secteur, M. Benbouzid n'a jamais pris une décision qui arrange la famille de l'éducation», dénonce M. Idir. La solution, selon lui, est le retour à l'ancien week-end et l'allégement des programmes. «On dispense à l'élève 36 heures de cours par semaine, c'est vraiment trop», déplore le responsable du CLA qui appelle à la réduction des cours à 45 minutes. «Cela ne doit pas se faire dans la précipitation», explique-t-il. Le secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), Mohand Oussalem Sadali, qui prône le retour à l'ancien week-end, dénonce les demi-mesures du ministre de l'Education qu'il qualifie, lui aussi, de bricolage. «Le ministre n'assume jamais ses responsabilités dans des situations de blocage», indique M. Sadali. L'Etat, selon lui, est responsable de la situation qui prévaut dans le secteur de l'éducation, puisque, explique-t-il, l'Algérie a opté pour un week-end semi-universel qui aura des conséquences négatives sur tous les secteurs d'activité. Le secrétaire général du Syndicat national des professeurs et enseignants du secondaire (Snapest), Meziane Meriane, appelle à revoir le volume horaire et dénonce «la politique du replâtrage» adoptée par le ministre de l'Education. Dénonçant le refus des pouvoirs publics de dispenser des cours le vendredi, sous prétexte que la journée est sacrée, notre interlocuteur plaide en faveur du retour à l'ancien week-end. Affirmant le refus de son organisation d'enseigner le samedi, qui est un jour de repos, M. Meriane explique que le repos s'apprécie en famille. «Un enseignant qui travaille samedi alors que sa femme ne travaille pas ne peut pas apprécier sa journée de repos», souligne le responsable du Snapest. Tout comme le responsable du CLA, M. Meriane qui appelle à la réduction des séances d'une heure à 45 minutes.