Le secteur des ressources en eau est mis à contribution pour améliorer la production agricole qui bénéficiera dans les prochaines années d'une plus importante mobilisation de l'eau destinée à l'irrigation. Mais le secteur agricole devra arriver à payer cette eau cédée gratuitement a remarqué , jeudi, Abdelmalek Sellal, ministre des Ressources en eau, à l'occasion de la célébration de la journée mondiale de l'alimentation. Une allusion est ainsi faite au bas prix pratiqué actuellement qui est en moyenne de 1DA/m3, appelé à augmenter dans les prochaines années. Le fait que le prix actuel de l'eau destinée à l'irrigation soit faible fait subsister le gaspillage, ce qui se traduit par des pertes élevées dans les réseaux. Comme préalable à un changement dans les prix de cette eau, une gestion rationnelle est recommandée aux agriculteurs, appelés à promouvoir l'utilisation de l'eau des retenues collinaires. Pour éviter le gaspillage de la ressource, le département de Abdelmalek Sellal et celui de l'agriculture œuvrent pour sensibiliser les agriculteurs à généraliser l'irrigation d'appoint et à renoncer à l'irrigation par immersion qui génère beaucoup de pertes d'eau. Une gestion rationnelle de l'eau agricole permettra à l'Algérie, pays déficitaire en eau, d'être capable de répondre aux besoins de ce secteur qui consomme plus de la moitié de l'eau produite. Passage de la superficie irriguée à 1,2 million d'ha Parallèlement, de nouveaux investissements seront consentis pour augmenter les superficies irriguées pour passer de 915 000 hectares actuellement à 1,2 million ha dans les prochaines années. Un volume de 600 millions de m3 d'eau usées épurées seront orientés vers l'agriculture et l'agropastorale d'ici fin 2010 contre 360 millions de m3 actuellement. Le secteur agricole pourra mieux bénéficier de l'eau des barrages à la faveur de la réalisation des stations de dessalement, dont l'eau est exclusivement destinée à l'alimentation des populations. Par ailleurs, le ministre a annoncé le lancement en 2010 des travaux du projet du transfert des 600 millions de m3/an de l'albien vers les hauts-plateaux. Ce projet, dont les études sont en cours de finalisation, sera destiné à alimenter une partie des wilayas de Djelfa, Tiaret et M'Sila, a précisé M. Sellal. Des investissements intensifs dans l'agriculture Dans son intervention, à la même occasion, Rachid Benaissa, ministre de l'Agriculture et du développement rural, a plaidé pour l'orientation des investissements dans les pays en voie de développement vers l'agriculture pour atteindre l'objectif de la sécurité alimentaire. A défaut, la rénovation de la gouvernance de la sécurité alimentaire mondiale n'aurait pas d'incidences durables. Même l'aide alimentaire, qui est un devoir de solidarité internationale, reste, de son avis, une réponse insuffisante sur les plans social, économique et politique. Des défis majeurs sont à relever pour freiner la progression de la crise alimentaire, aggravée par la crise économique mondiale. A présent, le nombre de personnes sous-alimentées croîtra de 105 millions en 2009, alors qu'il avait déjà augmenté de 75 millions en 2007 et d'environ 40 millions en 2008, selon les statistiques de la FAO. Ainsi, la FAO a estimé récemment que l'agriculture des pays en développement aura besoin d'investissements de l'ordre de 83 milliards de dollars par an dont 20 milliards pour la production agricole, 13 milliards pour la production animale et 50 milliards pour la création notamment d'installations de transformation et de stockage. L'Algérie, selon le ministre, a tiré les leçons de la crise alimentaire mondiale survenue en 2007-2008. A cet égard, la nouvelle politique agricole, lancée il y a un peu plus d'une année par l'Algérie, devrait doter le pays de capacités opérationnelles, permettant d'assurer à terme sa sécurité alimentaire. Les résultats obtenus par la céréaliculture et la production laitière ont eu, d'ailleurs, «une incidence positive sur nos importations» puisque une sensible baisse de la facture des importations alimentaires a été constatée.