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“Ce qui est exotique pour l'Occident ne l'est pas pour l'Orient”
Martinez
Publié dans Le Temps d'Algérie le 18 - 10 - 2009

Peintre et bédéiste de renom, Denis Martinez est l'un des plus grands artistes en Algérie. Né à Bethioua (Oran) le 30 novembre 1941, il s'intéresse au dessin depuis sa tendre enfance en s'exprimant à travers les paysages et les scènes de la campagne oranaise. Après des études suivies à l'Ecole des beaux-arts à Alger puis à Paris, il devient professeur en 1963 à l'Ecole des beaux-arts d'Alger
où son enseignement exerce une influence durable sur plusieurs générations d'artistes, et participe aux premières expositions organisées après l'Indépendance à Alger et à Paris, puis à la plupart des expositions collectives de peinture algérienne en Algérie et à l'étranger. Il présente en 1964 sa première exposition personnelle à Alger, préfacée par Jean Sénac. Cet artiste a accepté de nous accorder un entretien.
Qui est «l'artiste» Denis Martinez ?
On me définit souvent comme étant un «primitif». Ce qui ne signifie pas que je fais partie de ceux qui réalisent leurs peintures sous le seul coup d'une impulsion première. «Primitif» signifierait plutôt mon désir de briser les limites traditionnelles de la peinture.
Cela ne serait pas de «l'anticonformisme» ?
On m'a toujours collé cette image d'anticonformiste parce que j'ai toujours réagi contre les pièges de l'orientalisme et du réalisme socialiste menaçant. Ce qui ne veut pas dire qu'il s'agit d'une création brute, se développant à l'écart, dans l'ignorance de l'art du passé comme des tentatives modernes. Je m'inspire, au contraire, de cette connaissance approfondie de l'art maghrébin depuis ses plus lointaines sources, en une imprégnation qui est à la fois exploration et métamorphose active.
Comment se définit alors ce «non-conformisme» ?
Je me suis toujours opposé, tout comme mon confrère Choukri Mesli, aux imageries jugées démagogiques que présentait la galerie officielle de l'Union nationale des arts plastiques.
En tant que fondateur du groupe «Aouchem», fondé en 1963, qui a rassemblé une dizaine de peintres et de poètes, j'ai intégré à la composition de mes reliefs puis de mes toiles des inscriptions manuscrites en arabe dialectal ou en français, slogans poétiques qui prennent le contre-pied de tout discours démagogique.
Parlez-nous du groupe Aouchem ?
Voilà ce qui a été écrit sur le manifeste du groupe Aouchem : «Il est né il y a des millénaires, sur les parois d'une grotte du Tassili. Il a poursuivi son existence jusqu'à nos jours, tantôt secrètement, tantôt ouvertement, en fonction des fluctuations de l'histoire (...). Nous entendons montrer que, toujours magique, le signe est plus fort que les bombes.»
Ce qui veut dire que certaines traditions plastiques ont réussi à se maintenir dans les gestes qui modèlent et peignent l'argile, tissent la laine, décorent les murs, gravent le bois ou le métal : c'est sur ces survivances qu'Aouchem voulait s'appuyer. D'autres part, nous nous sommes toujours opposés, moi et les autres artistes du groupe, à cette vision académique «occidentale».
Celle de «l'orientalisme», ce mouvement artistique apprécié par les Occidentaux, qui appartient à l'Occident. Nous nous sommes toujours scandalisés par le fait que les Orientaux puissent activer dans ce genre de mouvement, alors qu'il s'agit du regard de l'autre. Ce qui est exotique pour l'Occident ne l'est pas pour l'Orient.
Pensez- vous, de ce fait, que nos artistes sont parfois inspirés «outre mesure» par ce qui vient de l'autre ?
On voit jusqu'à présent des sculptures algériennes qui ressemblent à celles venues d'ailleurs. L'Emir Abdelkader, à titre d'exemple, était très fin et avait des mains de penseurs d'après les historiens, alors que sa sculpture à Alger lui donne cette allure de guerrier aux bras très musclés qui lui donnent cet air à la limite «brute», à l'image des anciens guerriers soviétiques, sachant que les sculpteurs algériens les plus doués sont envoyés en Union soviétique.
L'on voit à La Casbah d'Alger certaines maisons dotées d'un décor ottoman avec cette touche de céramique venue d'Italie. Il est vrai que les différentes colonisations en Algérie ont fait que son style architectural soit parfois une mixtion de plusieurs tendances, mais il n'en demeure pas moins que le style artistique doit renvoyer à des racines ancestrales pures. Et, en tant que bédéiste, je conseille, dans le même sens, les jeunes bédéistes à créer et à garder leur touche personnelle.
C'est-à-dire ?
Nombreux sont les jeunes talents qui puisent dans le style étranger. Je ne m'oppose pas à ce que ces jeunes s'inspirent des mangas. Ce qui est d'ailleurs le cas dans le monde entier, vu que c'est ce qui est «en vogue». Il est important, toutefois, que le jeune talent puisse s'approprier son originalité en évitant l'imitation.
Pensez-vous que notre pays ait les moyens nécessaires pour former ces jeunes bédéistes ?
Il faut dire qu'on assiste à une relève très ambitieuse en Algérie. Le salon de la BD qui vient de s'achever est la preuve concrète de l'expansion du dessin de la BD. Il y a quelques années seulement, nous fuyions la mort en prenant l'horizon. Je me souviens même de la mort de mon grand confrère le directeur des Beaux-arts d'Alger durant la décennie noire, qui m'a dissuadé de rentrer en Algérie en se moquant «qu'ils auraient ma tête sinon».
Quelques jours après, il a été vachement assassiné. Une façon à moi de dire que l'artiste en Algérie, à un moment donné, n'osait même pas rêver assister à la floraison de ses œuvres. Son souci était de «sauver sa tête». Bien qu'elles soient tristes, ces images puisées d'un passé noir nous laissent prédire un meilleur avenir quand on les compare avec celles d'aujourd'hui. Mais il n'y pas que cette époque. Bien avant, l'artiste en Algérie était bien plus frustré et mal compris.
Hormis l'époque du terrorisme, il faut dire que l'artiste algérien, en particulier le bédéiste, puisqu'on en parle, n'avait pas réellement sa place. Et ce contrairement à aujourd'hui. Il n'y a qu'à voir ces nouveaux talents s'épanouir et se sentir «exister». Alors, oui les jeunes talents pourraient réussir. Et ce, en dépit du manque de moyens nécessaires, s'ils prennent, bien entendu, l'exemple de leurs prédécesseurs qui ont réussi malgré tout.
Entretien réalisé


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