Tout commence mal pour Allaoua condamné par défaut pour coups et... morsure, qui a fait opposition sans l'assistance d'un avocat. Face à lui, il y a cette présidente du pénal bien sur son étrier, prête à rendre justice sur preuves, sans le moindre sentiment. Elle va même réussir à faire parler Allaoua, pourtant sur ses gardes et jaloux de sa liberté. La présence du certificat médical n'arrangera rien à la réalité de la situation. Une situation née à la suite d'un différend pécuniaire. Ah ! l'argent. Un jeune condamné par défaut à un an de prison ferme et d'une amende de cinq mille dinars pour coups et blessures volontaires à l'aide d'une arme blanche, s'est expliqué tout seul à la barre sur les faits qui lui sont reprochés. Il s'exprime clairement s'engouffrant dans un français correct, face à Selma Derbouchi, la juge du tribunal de Bir Mourad Raïs. Mais qui a accepté qu'un témoin expressément demandé par l'inculpé, passe à la barre. Auparavant, elle rappelle tout de même qu'il y a dans les airs un certificat médical et qu'il y a aussi les déclarations de l'inculpé lequel avait reconnu avoir mordu la victime qui n'a eu de cesse de s'accrocher à la morsure. «ça s'est passé comme ça, sauf que j'ai mordu par réflexe de défense. Il me faisait si mal au poignet et au coude que je n'avais plus qu'à passer à un autre stade de lutte. C'est lui l'agresseur. Il l'a cherché. Il l'avait voulu. Et puis, pourquoi n'est-il pas venu ce jour ?», a récité l'inculpé, plutôt à l'aise et insouciant. Hammou Saâdou, la cinquantaine dit et affirme, loin du serment, qu'à l'époque des faits il bossait chez l'inculpé. Puis le témoin entre dans les détails qui éloignent les faits et la vérité dans cette affaire. «C'était une histoire qui n'aurait jamais dû arriver», marmonne le témoin qui ajoute que son jeune employeur s'était grossièrement accroché avec la victime et que par conséquent «je n'ai pas vu la rixe, le coup à coup, la roulade et encore moins la morsure», avait pris soin d'expliquer le témoin qui a ainsi parlé d'insultes et de provocations émanant de la victime, avant de balancer, en guise de boutade : «C'était une rixe à l'algérienne, c'est-à-dire, plus de gros mots que de petits coups.» Des rires jaillirent dans la salle d'audience. Seule la présidente ne souriait pas. Elle a tant à faire, tant de justiciables à suivre que son soucis numéro un ne sera jamais le sourire mais plutôt des grimaces éloquentes... Elle revient vers l'inculpé juste pour être fixée si le mensonge l'habite ou non. Elle repose une troisième fois la question de savoir le pourquoi la rixe. Elle obtiendra la même réponse édifiante «à cause de dinars non réglés». Ben, voyons ! Comme quoi, sans dinars, il y aurait la paix. Vous pensez bien qu'il y a toujours une excuse à avancer lors des rixes qui ont tendance à se multiplier ces jours-ci rendant le quotidien difficile et poussant la machine judiciaire a tout écraser sur son passage...