Le détenu inculpé de vol de portable à l'arraché comptait beaucoup sur les beaux traits de la présidente du pénal d'El Harrach. Mais le verdict qui a été prononcé a carrément donné envie au voleur de se mettre dans ses petits souliers ! Le voleur de portable qui passait en flagrant délit a souffert trois minutes face à Nadia Bouhamidi, la présidente de la section correctionnelle d'El Harrach (cour d'Alger), lorsqu'elle avait appliqué la loi en demandant au détenu qu'il pourrait obtenir un renvoi si jamais il désirait constituer un avocat. Or, dit dans un arabe parfait et un vocabulaire de conjugaison plus que parfait, le tout n'avait pas été capté par l'inculpé qui n'avait compris que lorsque la juge l'avait reprise en arabe dialectal. Et la réponse fut donnée en direct. Le détenu affirme vouloir être jugé ce mardi et sans défenseur. Il ne restait plus à Bouhamidi qu'à demander au greffier de prendre acte avant d'entendre l'inculpé passer à table en s'accrochant à l'indulgence du tribunal, surtout que la victime était absente, donc acte considéré comme un désistement. - «Madame la présidente, la victime n'est pas venue réclamer ses droits, donc j'attends du tribunal son indulgence», dit effrontément le voleur qui croyait que la juge était sur une chaise pour faire la «belle», mais sa cruauté va se manifester sitôt le court interrogatoire épuisé. D'ailleurs, même la farouche Faïza Mousrati, la représentante du ministère public, n'avait pas envie de faire perdre son temps au tribunal, elle ne posera qu'une seule question : «Aviez-vous été, vous, indulgent envers la jeune étudiante qui n'a même pas vu son portable s'évaporer dans la nature ?» - «Non, madame, mais je demande pardon, je regrette ce que j'ai fait...» - «Attendez, attendez. A voir votre casier, vous ne voulez pas vous ranger. Alors, cessez de crier à l'indulgence. Vous êtes très mal placé pour le faire», crache, le ton ferme, Bouhamidi qui était visiblement pressée d'en finir avec ce repris de justice réellement amateur des «Quatre ha» où il doit bien se sentir... - «Madame la présidente, je vous donne ma parole d'honneur que c'est la dernière fois. Soyez gentille, car j'ai avoué depuis que j'ai été arrêté.» - «C'est en prison que vous avez appris ce refrain ?», questionne la juge qui avait compris que le détenu n'avait personne dans la salle. Elle articule lentement - «Vos parents sont décédés ?», insiste la juge. - «Non, ils ne sont pas venus. Il en ont marre de mes agissements. Je leur demande pardon.» La présidente ricane, fait la sourde d'oreille, note les trois ans de prison ferme requis par Mousrati et décide de frapper fort sur le siège devant une assistance fort nombreuse ce mardi. L'inculpé écope d'une peine de prison ferme de trois ans juste de quoi éloigner un voleur de portables des lieux... sains.