Si tous les voleurs avaient des connaissances avec des proches des victimes, l'article 350 du code pénal n'aurait plus de beaux jours devant lui. Nous aurions aimé que nos lecteurs suivent cette situation vécue face à Nadia Amirouche, la juge de Hussein Dey. «Toi Chérif va voir le frère de Kamel et demande-lui de remettre le portable qu'il avait volé tantôt ici sur le comptoir.» Et Chérif de courir chez Saïd, le frère de Kamel, qui a vite saisi l'objectif du patron des lieux où le méfait a eu lieu. Quatre gaillards sont debout aux côtés de la jeune fille victime, mais ravie d'avoir récupéré son bien... Le sursis était salvateur... Une jeune cliente quitte le local commercial en oubliant son portable. Entre-temps, un jeune ado est derrière le comptoir. Il vit la «chose», s'en empare et déserte les lieux. Peu après, la cliente revient, traumatisée. C'était tout de même son bien. Elle tient à le récupérer. Le préposé à la vente sait, lui, qui était entré après Selma. Il appelle son frangin pour l'envoyer alerter le frère de Belaouane, suspecté du vol de portable. Et dans cet exercice de tirer les vers du nez, seule Nadia Amirouche est bien placée. Les quatre gus sont debout à la barre, et Selma, la victime, est là aussi, décidée à enfoncer celui qui l'a dépouillée de son phone. - «Lorsqu'on trouve quelque chose qui ne vous appartient pas, on cherche son propriétaire et on le lui remet. Mieux, on ne touche pas à l'objet oublié !», dit avec beaucoup de nonchalance due à la forte humidité des lieux. Et c'est parti devant maître Dalila Hassan Blidi, l'avocate de l'inculpé de complicité de vol. «Nous refusons l'inculpation», dit-elle. Amirouche va droit aux filets. Un à un, les quatre inculpés et témoins (les deux frères médiateurs) vont si bien éclairer le tribunal que les débats vont avancer au pas de charge. Pour une fois, Zahia Houari, la procureure, est ravie de voir le tribunal patauger dans la gadoue des «non ce n'est pas moi, c'est l'autre c'est lui, c'est eux». Elle demande trois mois ferme contre le principal inculpé-détenu. «Le portable a été retrouvé chez Belaouane et non mon client que personne ici n'a vu s'emparer de l'appareil. Madame la présidente, comme vous le constatez, il n'y a rien dans de dossier qui puisse créer une condamnation et tout le tralala qui suit. Nous réclamons vivement la relaxe et c'est peu dire, car mon client a vécu un véritable cauchemar», a dit l'avocate d'Alger qui avait souri lorsqu'elle avait suivi chaque inculpé prononcer le traditionnel dernier mot, avant que la présidente du tribunal de Hussein Dey n'ajoute un peu de sel et de poivre en décidant la mise en examen du dossier. Amirouche a voulu tester probablement le degré de cran de l'auteur du vol de portable et s'il était capable de résister encore une semaine avant d'écouter le verdict, une sentence probablement indulgente, car il y a eu restitution de l'appareil.