On a toujours comparé les bons cafés aux mauvais, évoquant les deux variétés les plus connues, à savoir le robusta et l'arabica : deux types de café concurrents et complémentaires puisque certains producteurs n'hésitent pas à les mélanger pour créer de nouvelles saveurs. Qu'en est-il de «notre café» et de sa saveur qui n'arrête pas de changer ? Cette question est souvent posée par les grands buveurs de café qui ne savent plus lequel choisir, se plaignant souvent de sa saveur «infidèle». Il ne s'agit plus de choisir entre l'arabica et le robusta, puisque l'on cherche avant tout un café «fiable» à un prix abordable. Il est clair que l'arbre de l'arabica, qui ne pousse qu'en altitude, à une température de 20°C et sur un sol riche en sels minéraux, est plus cher que le robusta, ce café beaucoup moins «exigent» que son concurrent de par les conditions de sa plantation. Mais on n'en n'est pas là, du moins chez nous. Tout cela reste insignifiant quand on ne voit pas sur l'emballage des cafés importés, vendus à des prix exorbitants, la mention relative à l'importateur. Il est compréhensible que sur l'emballage du café importé «sous-vide» elle n'y figure pas, étant donné que le café est importé avec son emballage. Mais qu'en est-il du café qui n'est pas sous- vide et dont l'emballage est fabriqué en Algérie ? Sur les étals des supérettes, les tarifs du café importé varient entre 200 et 360 Da pour 250 g, voire plus. Carte noire, à titre d'exemple, coûte 360 Da, Lavazza, café préféré des Italiens mais également des Algériens (on le sert dans certaines cafétérias et salons de thé à 100 Da la petite tasse), ne se vend pas à moins de 480 Da/205 g. Le moins cher, le café Grand-Mère se trouve à 215 Da. Certains mettent le paquet pour savourer un café à l'arôme subtil en achetant de l'arabica, vu son faible taux en caféine (44 chromosomes au lieu de 22 pour le robusta). Cependant, reste à savoir si la saveur est la même que celle du café commercialisé dans le pays exportateur. Nombre de buveurs de café ont fait la différence. «Aucune comparaison. Le nôtre est beaucoup moins savoureux», dit un amateur de café étranger dans une supérette à Dély Ibrahim. Les immigrés en vacances en Algérie préfèrent consommer le café algérien car «le goût de notre café importé est désastreux», pense une émigrée. «Au moins, le café local garde le même goût», dit-elle. Ce qui n'est pas l'avis de nombreux algériens (pour ne pas dire la plupart). Au risque de se brûler les doigts, rares sont les citoyens qui osent goûter au café importé. Ils se rabattent sur le café local sans pour autant être satisfaits par son goût. Nizière, Boukhari, Facto, Excellence, dont les prix varient entre 110 et 150 DA, n'arrivent pas à leur offrir le même arôme. «Je me pose la question quant à ‘'la formule'' utilisée pour fabriquer notre café… Des petits pois, peut-être ?!», ironise un grossiste en alimentation, rappelant l'époque où l'on mélangeait des pois chiches aux grains de café moulu. Sans commentaire.