Les récoltes de café se suivent, mais ne se ressemblent guère. Alors que la saison courante, 2006-2007, s'achemine vers un important excédent, de l'ordre de 5 millions de sacs (de 60 kilos chacun), il est fort possible que la récolte suivante, celle de 2007-2008, soit marquée par le retour au déficit, explique Nestor Osorio, directeur exécutif de l'Organisation internationale du café (OIC). " Ce déficit devrait être au moins aussi important que celui de 2005-2006 ", avance-t-il dans sa dernière lettre mensuelle. Le défaut s'était alors établi à quelque 5,6 millions de sacs. Face à une demande qui varie peu d'une année à l'autre (estimée à 117 millions de sacs en 2007, contre 116 millions en 2006 et 115 millions en 2005), les volumes livrés par les principaux pays producteurs, eux, connaissent de véritables embardées. La saison actuelle va se solder par une offre de 121,5 millions de sacs, d'après les dernières prévisions de l'OIC. En toute hypothèse, il n'en ira pas de même pour la prochaine. Nestor Osorio remarque que le principal pays producteur, le Brésil, a anticipé, le 15 décembre, une récolte de 42,5 millions de sacs pour 2006-2007. Près d'un million de sacs de plus que la précédente estimation. En revanche, pour 2007-2008, la Companhia Nacional de Abastecimento (Conab), structure de l'Etat fédéral pour l'approvisionnement en denrées agricoles, table sur un débit nettement plus maigre, compris entre 31,1 et 32,3 millions de sacs. Le premier producteur au monde de café, le Brésil, pourrait devenir importateur, en s'approvisionnant au Vietnam, le numéro deux. Les fabricants brésiliens de poudre soluble craignent de manquer de robusta en raison de la mauvaise récolte qui s'annonce en 2007. Si elle était vraie, cette incroyable nouvelle illustrerait tout à fait les tensions actuelles sur le marché du café où l'arabica, coté à New York, a fait un bond de 20% au cours des deux derniers mois. L'Indonésie, quatrième pays producteur et exportateur de café derrière le Brésil, le Vietnam et la Colombie, a fait savoir que sa production pourrait être réduite jusqu'à 30 %. Conséquence des pluies torrentielles qui ont suivi une période de temps anormalement sec du fait du phénomène climatique connu sous le nom de El Niño. Deux importantes zones de culture de café de qualité arabica ont été frappées, la montagne de Gayo dans la province d'Aceh et le nord de l'île de Sumatra. Le sud de l'île de Sumatra, où l'on cultive essentiellement du robusta, n'a pas été épargné non plus.Face à une production globale si fluctuante et difficile à appréhender, les opérateurs se tournent davantage vers l'état des stocks pour décider de leurs politiques d'investissement. " Le niveau des réserves des pays importateurs est une variable étroitement liée aux mouvements des cours ", rappelle Nestor Osorio. L'ensemble des stocks disponibles dans les pays importateurs sont chiffrés par l'OIC à 20 millions de sacs environ. Les réserves officielles des marchés londonien (Euronext.Liffe) et américain (NyBoT) ont baissé dans des proportions réduites en novembre par rapport à octobre, à 1,88 million pour le premier et à 3,62 millions pour le second. Quant aux réserves disponibles des pays exportateurs, elles ont plongé de 31,15 % en 2006-2007, à 18,94 millions de sacs. " Aucune reconstitution des stocks n'est à envisager dans les pays producteurs ", conclut le directeur exécutif de l'OIC. D'où la probable poursuite de la fermeté des cours constatée depuis la fin octobre sur le marché new-yorkais de l'arabica.