Dès l'annonce de son décès, vendredi en Suisse, des suites d'une longue maladie, à l'âge de 82 ans, des hommages lui ont été rendus par la classe politique mais également par ceux qui l'ont côtoyé. La dépouille mortelle sera exposée aujourd'hui au siège du Conseil de la nation. D'innombrables personnalités étaient présentes à l'aéroport Houari Boumediene pour accueillir le défunt. Le Conseil de la nation avait affirmé que la dépouille mortelle de l'ancien président du Conseil de la nation, Bachir Boumaza, décédé vendredi en Suisse des suites d'une longue maladie, arrivera samedi (hier, ndlr) à 12h à l'aéroport international Houari Boumediene. Il est indiqué qu'elle sera exposée dans la matinée d'aujourd'hui au siège du Conseil de la nation où un dernier hommage lui sera rendu, précise cette institution qui ajoute que le défunt sera inhumé le jour même au cimetière El Alia (Alger). Un militant de la première heure Né le 26 novembre 1927 à Kherrata (Sétif), le défunt a adhéré au mouvement de résistance national dès son jeune âge. En effet, il a rejoint les rangs du mouvement national dès son jeune âge en assurant une responsabilité au sein de la Fédération de France du FLN. Il a, dans le sillage de sa longue carrière politique, occupé, entre autres postes, celui de président du Conseil de la nation de janvier 1998 à avril 2001. Dès 1945, il adhère à la cause nationale en tant que membre du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques en Algérie (MTLD) et accompagne Messali Hadj lors d'un voyage en France en 1951. Il rallie ensuite le Front de libération nationale (FLN) et joue un rôle considérable dans la mise sur pied de la Fédération du FLN en France. Il est incarcéré à Fresnes de 1958 jusqu'à son évasion en 1961. Suite à quoi, il regagne l'Allemagne. Proche de Ben Bella, il est d'abord commissaire à l'information et à la propagande à l'indépendance, puis député à partir de septembre 1962. Au lendemain de l'indépendance, il assumera plusieurs postes de responsabilité, notamment ceux de ministre du Travail et des Affaires sociales, dans le premier gouvernement de la République algérienne en 1962, ministre de l'Economie nationale en 1963, ministre de l'Industrie et de l'Energie de 1964 à 1965 et ministre de l'Information de 1965 à 1966. Bachir Boumaza a été aussi président fondateur de l'association du 8 Mai 45. Un témoignage lui a été rendu dans ce sens par Bensalah qui confirma le militantisme de Boumaza en affirmant que «notre frère et moudjahid Bachir Boumaza a été rappelé auprès de son Créateur après avoir consacré sa vie à la lutte pour la cause nationale qu'il a menée depuis son jeune âge à côté des militants d'avant-garde du mouvement national. Il fut traqué et emprisonné avant de s'enfuir des geôles françaises pour rejoindre la lutte». Opposant à l'ex-président de la République, Houari Boumediene, il se réfugie en France en 1966. Ce n'est qu'après l'apparition des premiers signes de la maladie qu'il décide de rompre avec les activités politiques jusqu'à son élection à la présidence du Conseil de la nation en 1997. Il partageait sa vie entre Alger et Lausanne. Au service de l'Algérie Le président de la République n'a pas manqué d'exprimer son admiration pour feu Boumaza, le qualifiant de «fervent militant, moudjahid convaincu de la justesse de la cause de sa nation et fidèle nationaliste ayant voué sa vie au service de son peuple». Le Président a également affirmé que «les nobles missions du défunt ne l'ont guère empêché d'accomplir son devoir de militer au sein de la société civile à travers une association nationale qu'il a fondée et présidée pour défendre le droit du peuple algérien à l'indemnisation pour les crimes contre l'humanité commis à son encontre lors des massacres de mai 1945, jetant ainsi un jalon important dans l'édifice de sauvegarde de la mémoire collective de la nation contre l'oubli». Le chef de l'Etat a abondé en éloges et tout en mettant l'accent sur «la précocité du parcours de militant de Boumaza», a affirmé «qu'il fut parmi ceux qui ont contribué à l'édification des institutions de l'Etat national moderne. Il endossa de grandes responsabilités, occupa des postes supérieurs et couronnera sa carrière en assumant les responsabilités de président du Conseil de la nation». L'actuel président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, dans un message de condoléances, n'a pas tari d'éloges à l'endroit du défunt, mettant en relief «son militantisme et son dévouement pour les causes justes et légitimes et sa longue quête de liberté et de dignité qu'il a entreprise durant son parcours». Bensalah devait indiquer dans un autre passage du message adressé à la famille du défunt que «la vie du défunt était marquée par des étapes saillantes dans la défense de la mémoire nationale», rappelant dans ce contexte «qu'il a été le fondateur de l'association du 8 Mai 45 dont il a défini les orientations nationales». Le Premier ministre Ahmed Ouyahia, emboîtant le pas au président de la République, a pour sa part tenu à souligné vendredi «le parcours exceptionnel de cet homme au service de l'Algérie», tout en rappelant son statut indéniable de moudjahid et d'ancien président du Conseil de la nation.