Suite aux fortes fluctuations des prix, les opérateurs du bâtiment réclament l'introduction d'une clause dans le code des marchés publics permettant d'actualiser et de réévaluer les prix des constructions réalisées pour le compte de l'Etat. L'appel a été lancé, hier, par Ahmed Bengaoud, président de l'Union nationale des entrepreneurs du bâtiment (Uneb), lors d'une conférence de presse organisée en son siège à Alger. «Nous avons sollicité le ministère de l'habitat pour régulariser la situation de plusieurs opérateurs» obligés de débourser de leurs propres poches pour achever leurs projets. Victimes de la hausse des prix, plusieurs opérateurs ont été contraints d'abandonner leurs chantiers au moment où d'autres ont fait faillite. Même certaines écoles et lycées n'ont pas été livrés à la rentrée à cause des retards engendrés par l'augmentation des prix. Du fait de ne pouvoir augmenter les prix du m2 bâti, beaucoup de chantiers sont à l'arrêt, a remarqué Mustapha Khodja, président d'honneur de l'Uneb. Revenant sur les prix des matériaux de construction, Ahmed Bengaoud a relevé que le sac de ciment de 50 kg a atteint les 800 DA alors qu'il ne devait pas dépasser les 230 DA à la sortie d'usine. Même chose pour le sable dont le prix a frôlé les 40 000 DA pour un camion de cette matière première alors qu'initialement son prix ne dépassait pas 18 000 DA. M. Bengaoud a attribué cette hausse des prix au refus d'accorder les autorisations provisoires d'exploitation aux propriétaires de sablières. Après la forte perturbation enregistrée la semaine écoulée, certaines sablières ont obtenu des autorisations ce qui permettra de ramener les prix à la baisse. La spéculation persiste A propos du ciment, il a estimé que l'actuelle flambée des prix n'est pas engendrée par l'insuffisance de l'offre mais par la spéculation. Les récentes mesures relatives à la fixation des marges bénéficiaires des grossistes et des détaillants de ce matériau n'ont pas été respectées d'où l'indispensabilité de renforcer les opérations de contrôle qui devront s'élargir aux opérateurs et à l'administration. Selon lui, le marché ne souffre pas d'une pénurie mais il est victime de la spéculation. Il en veut pour preuve la baisse des prix de 750 DA à 400 DA le sac de 50 kg après les déclarations du Premier ministre annonçant l'arrivée du million de tonnes de ciment importé. Il a mis en cause l'utilité d'importer actuellement le million de tonnes, car la demande est formulée principalement en printemps et en été. L'arrivée des pluies engendre l'arrêt de plusieurs chantiers réduisant la pression sur les matériaux de construction, a expliqué cet opérateur, poursuivant que les 18 millions de tonnes produites sont suffisantes pour répondre à la demande des opérateurs. Les étrangers favorisés Sollicité pour donner son avis à propos du recours aux entreprises étrangères pour réaliser les grands projets engagés par l'Algérie, il a reconnu «l'incapacité des entreprises algériennes de réaliser ces projets». Seulement, les entreprises ayant réussi à décrocher des marchés doivent bénéficier des «mêmes avantages accordés aux entreprises étrangères». Il a plaidé pour plus de souplesse pour la classification des entreprises. En leur imposant une classification de l'ordre de 9, certains projets ne pourront jamais être attribués aux entreprises algériennes. «Les conditions draconiennes» imposées actuellement doivent être assouplies en vue de permettre aux opérateurs nationaux de décrocher des marchés. L'Uneb a annoncé, par ailleurs, avoir engagé une action en justice contre quatre membres exclus ayant organisé un congrès le 8 novembre, en infraction au règlement intérieur de cette organisation. Ahmed Bengaoud a même dénoncé «la complicité de l'administration» qui a autorisé l'organisation de ce congrès illégal, alors que la demande de l'Uneb pour tenir son congrès les 11 et 12 novembre a été refusée. Pour faire valoir ses droits, l'Uneb, créée depuis 2001 et qui compte 800 adhérents à travers le pays, a saisi le ministère de l'intérieur, a noté le président de cette organisation patronale.