Toute la ville, qui s'était drapée de vert et de blanc depuis le match du Caire, ne s'est pas départie de la douce folie qui l'avait enveloppée. Et quand l'arbitre Maillet a sifflé la fin de la partie, les quartiers de la ville qui avaient commencé à plonger dans l'euphorie ont donné libre cours aux réjouissances. «One, two, three, viva l'Algérie» devenait alors l'air en vogue qui enveloppait El Bahia. A Sidi El Houari, les habitants qui avaient déserté les rues le temps du match sont descendus exprimer leur joie. «Nous sommes en Coupe du monde, c'est la délivrance, Mandela nous voilà», nous dira Khatir rencontré non loin de la rue des Jardins alors qu'il rejoignait la masse d'Oranais qui avaient envahi la place d'Armes. La grande esplanade grouillait de monde. Le bassin d'eau qui fait face au siège de l'hôtel de Ville était plein de jeunes qui prenaient un bain de minuit improvisé à la suite de la victoire des Verts. «Et puis je ne risque rien, ce n'est pas un petit virus de grippe saisonnière qui va m'empêcher de piquer une tête», avoue Redouane que des jeunes de Karguentah avaient enveloppé dans un large emblème national sitôt sorti de l'eau. A la place Hoche, la circulation devenait très difficile. Les voitures pare-chocs contre pare-chocs étaient pleines de supporters qui avaient créé un boucan d'enfer. Il faut marcher à pied pour rejoindre quelques mètres plus loin la place des Victoires qui fait face à l'avenue Larbi Tébessi (ex-Loubet). Un grand couscous vendredi aux fidèles de la mosquée Zine El Abidine La rue Larbi Ben M'hidi, sillonnée depuis plusieurs jours par des cortèges bruyants, avait pris mille et une teintes. C'est une floraison de couleurs et de sons qui enveloppait les lieux. «L'Algérie a gagné et au diable les convenances et les qu'en-dira-t-on. On descend dans la rue jubiler et advienne que pourra', dira khalti Zahra qui a promis un grand couscous qu'elle servira vendredi aux fidèles de la mosquée Zine El Abidine. Sur la route des Falaises, un chapelet de voitures avançait lentement en direction du rond-point de l'hôtel Sheraton, déjà plein de monde. Des Oranais avaient investi les lieux dès le but de Antar Yahia. «On la sentait cette qualification. Elle ne pouvait pas nous échapper. C'est ce qui nous a rassurés et poussés à venir nous installer ici sur le gazon du rond-point pour attendre les autres et faire la fête», dira Saïd, un jeune de Gambetta, qui n'a pas fermé les yeux depuis le départ des premiers vols de supporters vers Khartoum. Les autres quartiers de la ville baignaient dans la joie jusqu'à n'en plus pouvoir. Ce furent des tableaux faits de sons et de couleurs qui emplissaient les airs, donnant une ambiance de fête à la ville. Le rond-point El Morchid, une station pour les bus assurant certaines dessertes vers la banlieue est d'Oran, était plein de monde. «Je n'arrive pas à trouver un bus pour me rendre à Hassi Bounif. Ces groupes de jeunes qui chantent et qui dansent me permettront de patienter jusqu'à l'arrivée d'un taxi», dira Kader qui voulait rejoindre son quartier pour partager la joie avec ses amis. Oran a fêté sans retenue la victoire des Verts. Des femmes, des hommes, des grands et des petits sont descendus dans les rues et dans les places pour danser aux rythmes de la musique que diffusaient en boucle les DJ appelés à la rescousse depuis presque une semaine. «La fête va durer jusqu'à l'Aïd. Nous allons nous enivrer de joie. Et après le sacrifice du mouton, nous allons retrouver le cours normal de la vie», diront des jeunes de Seddikia. Hier, un bilan des services des urgences de l'hôpital d'Oran indiquait que ces réjouissances ont été entachées d'accidents. Les services hospitaliers déplorent 2 morts et 180 blessés. Un jeune âgé de 30 ans a perdu la vie en chutant d'un camion et un autre âgé d'une vingtaine d'années est mort en tombant du pont d'El Barki.