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Les services de sécurité maliens ouvrent une enquête judiciaire
Suite à l'introduction de cocaïne au Mali par un cartel de narcotrafiquants
Publié dans Le Temps d'Algérie le 29 - 11 - 2009

Les cartels de narcotrafiquants et leurs ramifications insoupçonnées dans divers pays africains ont franchi un nouveau seuil en introduisant de la cocaïne dans le nord du Mali, via le Venezuela, à bord d'un avion cargo Boeing. Les services de sécurité maliens, assistés par Interpol, sont chargés de faire la lumière sur cette importation et de démanteler le réseau.
C'est à la suite de la découverte de l'avion calciné par les autorités maliennes qu'une enquête judiciaire a été ouverte, ont indiqué des sources officielles citées par l'agence de presse APS. Cette enquête, précise un communiqué, vise à faire endosser la responsabilité de cette importation aux membres du réseau qui seraient coupables «d'atteinte à la sécurité de l'Etat».
«Suite à la découverte de l'épave d'un avion suspect dans le cercle de Bourem, le 2 novembre, et à l'issue d'une enquête préliminaire, une information judiciaire a été ouverte par le parquet de la commune 3 de Bamako pour atteinte à la sécurité extérieure», précise le communiqué officiel qui indique «qu'Interpol sera associée aux recherches et investigations devant êtres menées».
Selon le responsable régional de l'Office de l'ONU contre la drogue et le crime (ONUDC), Alexandre Schmidt, «un Boeing cargo parti du
Venezuela a atterri sur une piste artisanale à 15 km de Gao (nord-est) avant de décharger de la cocaïne et d'autres produits illicites». Ce dernier devait ajouter, lors d'une conférence de presse, «que le Boeing a ensuite voulu décoller et s'est écrasé le 5 novembre». La quantité de drogue n'est pas connue mais «un Boeing peut transporter 10 tonnes de cocaïne», a-t-il souligné.
Il est à préciser qu'aucune indication n'a été communiquée sur la quantité de drogue introduite et encore moins sur la découverte ou saisie de celle-ci, induisant que les membres du cartel auraient réussi à introduire celle-ci, suite à quoi ils auraient mis le feu à l'avion pour, semble-t-il, «brouiller les pistes».
A ce propos, une source malienne avait indiqué que «toutes les pièces récupérées à bord de cet avion ont été communiquées à toutes les grandes puissances qui participent à l'enquête. On est sur le point d'inculper beaucoup de personnes». S'exprimant pour la première fois sur le sujet, le chef de l'état malien, Amadou Toumani Touré, avait déclaré le 25 novembre que deux enquêtes, une nationale, l'autre internationale, avaient été ouvertes.
Selon les autorités maliennes, l'équipage de l'avion avait voulu mettre le feu à l'appareil pour faire disparaître toute trace, mais les services de sécurité maliens ont récupéré, sur les lieux, des références de l'avion immatriculé en Amérique du Sud, selon des sources concordantes. Il est à se demander comment un avion cargo a pu traverser l'espace aérien du mali sans être repéré ?
A cette interrogation, le responsable régional de l'Office de l'ONU contre la drogue et le crime (ONUDC), Alexandre Schmidt, a affirmé «qu'il n'y a pas de couverture radar dans cette zone située à un millier de kilomètres de la capitale Bamako, dans la région du Sahara, propice aux trafics en tous genres (drogue, armes, migrants, cigarettes...)
et où circulent des rebelles touareg et des combattants islamistes». En attendant les résultats de ces enquêtes parallèles (nationale et internationale), les pays africains s'apprêtent à se concerter pour contrecarrer les agissements de ces réseaux. A cet effet, une rencontre regroupera, aujourd'hui à Nairobi, sous l'égide de l'Office onusien contre la Drogue et le Crime (UNODC), des ministres et experts africains pour discuter notamment des problèmes liés au crime organisé, au terrorisme, à la corruption, à la justice criminelle, et au trafic de drogue.
L'Afrique en voie de constituer une zone de transit et de consommation de drogues dures
Les récentes découvertes de sites de fabrication d'héroïne, de cocaïne et d'ecstazy en Guinée attestent de cet état de fait et confirment que l'Afrique de l'Ouest, qui constitue un important point de transit vers les marchés européens, est également en train de devenir une zone de production.
En effet, la découverte par les forces de sécurité, en juillet en Guinée, d'importantes quantités de produits chimiques sur plusieurs sites de Conakry prouve que tout était en place pour fabriquer de l'héroïne à partir de l'opium, de la cocaïne pure et de l'ecstasy. Suite à cette découverte, le représentant régional de l'ONUDC avait indiqué que «l'opium aurait été acheminé par des groupes nigérians basés au Pakistan.
«Il y a lieu de préciser que durant ces dernières années, le trafic de drogue transitant par l'Afrique de l'Ouest, essentiellement de la cocaïne, était entre les mains des cartels colombiens passant par le Venezuela. La découverte et la saisie de plusieurs tonnes de cocaïne dans plusieurs pays de l'Afrique du sud apportent les preuves de cette réalité et mettent en évidence la férocité des membres des réseaux dont l'entrelacement avec d'autres réseaux spécialisés n'est plus à démontrer».
Au sujet de ce phénomène et de l'implication des populations africaines, le responsable de l'ONUDC devait affirmer «qu'aujourd'hui, il y a de plus en plus de groupes de Nigérians qui partent au Brésil, à Sao Paulo, acheter de la drogue pour l'acheminer vers Europe via leur diaspora», précisant dans le sillage que «ces nouveaux acteurs seraient en concurrence avec les trafiquants sud-américains». Il conclut en émettant l'hypothèse d'une probable guerre des gangs, affirmant «qu'on peut s'attendre à des violences entre cartels colombiens et nigérians».
L'Afrique, plaque tournante du trafic de drogues dures
C'est un rapport de l'ONUDC, sur la situation du trafic de cocaïne en Afrique de l'Ouest, établi en octobre 2007, qui le confirme. Selon ce rapport et bien que la cocaïne ne soit pas produite en Afrique, l'augmentation rapide des saisies montre l'importance grandissante du continent, en particulier de l'Afrique de l'Ouest, comme plaque tournante du trafic de cocaïne de l'Amérique Latine vers l'Europe. Ce rapport fait le point sur les saisies récentes de cocaïne dans les pays africains, ainsi que sur les saisies en provenance d'Afrique réalisées dans les pays européens.
La plupart des données ont été fournies par les comités nationaux de lutte contre la drogue ou les polices judiciaires. En plus des données officielles transmises par les États membres de l'ONUDC grâce aux questionnaires pour les rapports annuels sur les drogues, certains États contribuent également à la banque de données sur les saisies individuelles de l'ONUDC.
Ces deux sources d'information ont constitué le point de départ de ce rapport. Entre 1998 et 2003, pour l'ensemble du continent, les saisies annuelles de cocaïne en Afrique étaient en moyenne de 0.6 tonne. Ceci représentait seulement une fraction marginale des saisies globales de cocaïne.
Cependant, depuis 2004, les saisies annuelles de cocaïne pour l'ensemble du continent ont été supérieures à 2,5 tonnes, soit cinq fois plus que précédemment. Les données parvenues à l'ONUDC pour les six premiers mois de 2007 indiquent des saisies record s'élevant à 5,7 tonnes de cocaïne sur le continent africain, équivalent à 480 millions de dollars si cette quantité avait été vendue au détail en Europe de l'Ouest.
Ces saisies pour 2007 représentent également une augmentation de 50% par rapport aux 2,8 tonnes saisies en 2006. Sur les 5,7 tonnes de cocaïne saisies de janvier à septembre 2007 en Afrique, 99% ont été réalisées en Afrique de l'Ouest : 2,4 tonnes ont été saisies au Sénégal en juin, presque 1,5 tonne saisie en Mauritanie entre mai et août, 0,6 tonne en Guinée-Bissau en avril, 0,5 tonne au Cap Vert en mars et 0,2 tonne en Guinée. En 2006, deux saisies en Afrique de l'Ouest, l'une au Ghana de 1,9 tonne et l'autre en Guinée-Bissau de 0,6 tonne, représentaient 90% de l'ensemble des saisies rapportées pour le continent.
Ces saisies ne révèlent probablement qu'une partie de l'ampleur du phénomène car l'absence de rapports de saisies de cocaïne dans certains pays d'Afrique de l'Ouest ne signifie pas l'absence de trafic, mais traduit plus probablement les déficiences des agences de contrôle des stupéfiants. L'importance grandissante de l'Afrique de l'Ouest comme région de transit et de stockage de la cocaïne est également apparente dans les statistiques des saisies récentes des pays européens et d'Amérique Latine.
En 2006, les marines nationales espagnole et britannique opérant dans les eaux internationales ont saisi un volume record de cocaïne dans des bateaux de pêche originaires de ports africains, soit 9852 kg saisis sur 5 bateaux au lieu de 3700 kg sur 1 bateau en 2005, ce qui représente une augmentation de 166%. Toutes les saisies ont eu lieu dans les eaux internationales proches des côtes ouest-africaines.


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