D'une férocité sans égale, la campagne médiatique développée depuis le 18 novembre dernier par les médias égyptiens contre l'Algérie n'a pas baissé en intensité. Bien au contraire, et bien qu'elles aient fini par aborder - enfin - l'actualité de leur pays , les chaînes satellitaires et la presse poursuivent leur croisade contre tout ce qui rappelle de près ou de loin l'Algérie, invitant lecteurs et téléspectateurs à déverser leur fiel sur notre peuple, son histoire et ses dirigeants. Le calme et la retenue qui ont distingué les réactions officielles algériennes sur une affaire marginale à leurs yeux n'ont pas dissuadé le côté égyptien d'adopter une attitude réciproque, ou à tout le moins à faire preuve de discernement dans une affaire qui, finalement, se réduit à un simple match de football entre les équipes des deux pays. Mais la persistance des médias égyptiens, publics et privés, à casser de l'Algérien a fini par agacer franchement l'opinion qui ne comprend pas cet acharnement contre notre pays alors que, et c'est un secret de polichinelle, l'Egypte a tout à gagner avec l'Algérie. La réaction de Mourad Medelci aux attaques sans fondement des médias égyptiens et aux déclarations de quelques hauts responsables du Caire s'inscrit dans cette logique. La sagesse l'emportant sur les dérives et les attitudes irresponsables constatées du côté égyptien, le ministre des affaires étrangères a réitéré les positions officielles de l'Algérie au quotidien Sharq El Awsat, journal arabophone paraissant à Londres, qui l'a interrogé sur la consistance des rapports algéro-égyptiens après les événements de ces derniers jours. Le ministre des affaires étrangères a d'abord exprimé le souci de l'Algérie de maintenir intactes ses relations historiques avec l'Egypte et de dépasser un contentieux dont elle aurait volontiers fait l'économie. «l'affaire de Khartoum», si tant est qu'il y en est une, n'étant qu'une diversion politique destinée à désigner un ennemi extérieur plutôt que d'aborder le débat de fond sur la crise qui agite l'Egypte. Mais l'Algérie ne peut logiquement admettre qu'on lui fasse jouer ce rôle de bouc-émissaire, et c'est ce que les autorités algériennes ont fait savoir dès le déclenchement de la campagne médiatique haineuse à son encontre, conscientes des conséquences «collatérales» qui peuvent en découler. M. Medelci a ainsi fait savoir qu'il était dans l'intérêt de l'Egypte de faire cesser immédiatement la campagne médiatique, une campagne dont on connaît aujourd'hui les malheureuses retombées. «Evitons les confusions» L'allusion est directe aux médias égyptiens qui ont joué aux pyromanes, encourageant les attaques quasi-quotidiennes de résidents algériens en Egypte, provoquant le retour précipité de plusieurs d'entre eux au pays et plongeant dans l'incertitude les couples mixtes, que ce soit du côté du Caire ou d'Alger. Plus préoccupante, elle a été à l'origine du départ massif de travailleurs égyptiens, lequel peut être aussi synonyme de cessation d'activités pour les entreprises les employant. A ce propos, également, le ministre des affaires étrangères a été on ne peut plus clair : l'indemnisation des entreprises égyptiennes, une exigence formulée par son homologue égyptien, se fera en vertu des lois commerciales en vigueur dans le pays et non à travers un quelconque compromis politique. M. Medelci a en effet indiqué ceci : «pour nous, il n'y a pas de confusion entre le niveau politique et celui de la gestion des entreprises qui, en Algérie comme en Egypte, ont pris leurs dispositions pour se prémunir contre les risques à travers les assurances, etc.» «Le contact n'est pas rompu» Plus important, M. Medelci a réfuté de manière catégorique une quelconque médiation entre l'Algérie et l'Egypte, considérant que «le contact n'a jamais été rompu avec nos frères égyptiens», même si un certain froid a été observé ces derniers jours dans les relations entre les deux pays après les événements ayant émaillé la rencontre de football du Caire. Plus clair, il ajoute qu'il ira au Caire, chaque fois qu'il s'y tiendra une réunion le concernant, précisant que les autres responsables algériens feront de même. En même temps, le ministre des affaires étrangères balaie d'une main les illusions sur d'éventuelles «excuses» algériennes à l'Egypte après les événements fictifs de Khartoum. «Ce n'est ni sérieux ni raisonnable», a dit M. Medelci qui relève que l'Algérie n'a jamais été tentée par une telle requête après l'attaque, au Caire, du bus transportant les Verts.