Tzipi Livni, la chef de l'opposition israélienne, n'a pas choisi par hasard Paris pour exposer les doléances de l'Etat hébreu. Avec Nicolas Sarkozy à l'Elysée, l'écoute ne peut qu'être attentive. Le gouvernement de Tel-Aviv en a davantage besoin depuis que la Suède a fait circuler à Bruxelles un texte de résolution portant sur le partage d'Al Qods. Certes, les relations entre l'Europe et Israël n'ont pas toujours été bonnes mais, cette fois-ci, elles risquent de toucher le fond. Car, à en croire la Dame de fer de Tel-Aviv, c'est une erreur de prendre position par avance sur l'épineuse question d'Al Qods. Voire inadmissible, une pareille reconnaissance ne peut faire l'objet d'un quelconque unilatéralisme de la part des Vingt-sept. Le litige ne peut être réglé qu'autour de la table de futures négociations palestino-israéliennes. Un argument tout à fait valable aux yeux des Français (un peu plus aimés par les Américains) qui vont s'abstenir à préjuger du résultat des pourparlers sans pour autant afficher du «mépris» à l'égard de l'initiative de Stockholm, solidarité européenne oblige. Ainsi dire, il faut laisser le temps au temps. Surtout que Benjamin Netanyahou ne s'amuserait plus à «berner» les envoyés spéciaux de Washington par sa phraséologie. Sa décision de geler les constructions dans les colonies est en passe de devenir historique selon la vision de Mme Clinton. «Bibi» vient même d'entrer en conflit avec les chefs des colons de Cisjordanie, ceux-là n'ont pas la moindre intention de respecter le gel des constructions ne serait-ce que pour les dix jours à venir. Que dire des dix mois d'arrêt de travail sur les chantiers qu'a promis Netanyahou pour tenter de relancer le processus de paix. L'éternité aux yeux des colons qui n'avaient pas ménagé leurs efforts quand leur «poulain» du Likoud bavait pour former son gouvernement d'union nationale. A présent, ce sont les mêmes qui mènent la fronde contre celui qui paraît déjà comme un «traître». Ce, bien qu'à Al Qods, les Arabes israéliens se font expulser de manière méthodique, pensée par le redoutable Lieberman. Son chef du gouvernement imposera-t-il «son» moyen de relancer l'hypothétique processus de paix sans subir un retour de manivelle ? S'il n'était pas toujours en état végétatif, Ariel Sharon aurait bien pu lui rappeler comment se terminent généralement les bras de fer avec les colons. Généralement par des législatives anticipées, le général «Arik» avait payé le prix fort au lendemain de son désengagement de Ghaza. Puisqu'il ne s'agit que d'un gel temporaire et partiel des constructions en Cisjordanie, Al Qods-Est n'est pas du tout concerné par ces mesures dites historiques, Netanyahou évitera-t-il l'éjection fatale, promise à tous les Premiers ministres d'Israël ? Entre des Palestiniens qui ne jurent plus que d'un gel total des colonies et des colons qui crient à la désobéissance civile, «Bibi» est en train de se laisser prendre au piège des grands perdants. Quelqu'un pour lui sauver la peau si les ultras de son gouvernement d'union nationale commençaient dès à présent à se retirer l'un après l'autre ? Il est peut-être trop tôt pour se prononcer sur un tel retrait ou sur un éventuel remplacement au sein de l'actuel exécutif qu'opéreraient des partis de l'opposition dont certains se montrent au diapason de la politique de Benjamin Netanyahou. Ce qui est certain, aucun des présidents US n'a eu par le passé à voler au secours d'un Premier ministre israélien. Surtout pas Obama qui peine à convaincre l'Europe de lui fournir 10 000 hommes, en soutien à sa «nouvelle» guerre en Afghanistan.