Mais quelle mouche a donc piqué ces individus qui ont décrété une véritable razzia sur des terres agricoles, biens, public et privé, dans la daïra de Bir El Djir à Oran ? C'est la ruée depuis mardi dernier vers des parcelles de terrain vierge dans plusieurs localités relevant de cette daïra, située à l'e st d'Oran. Des individus venus des quatre coins de la wilaya et parfois même d'ailleurs, ont pris d'assaut dans un premier temps un terrain, propriété d'une femme décédée, qu'ils se sont vite empressés de morceler et de creuser les fossés qui serviront de fondations aux baraques qui commencent à voir le jour. Ils étaient près d'une centaine à se disputer, à coups de pieds, de poings et parfois d'armes blanches, les mètres carrés de ce terrain situé entre Haï Chahid Mahmoud et Boufatis dans la commune de Hassi Bounif. Le chef de daïra et les gendarmes qui s'étaient déplacés sur les lieux ont été attaqués à coups de pierres par des individus dont le nombre grossissait au fil des heures. Les ayants droit de la propriétaire des lieux, n'ont fait que constater les dégâts avant d'affirmer qu'ils allaient recourir à la justice pour déloger les intrus qui se donnaient le mot pour venir de partout prendre leur part du gâteau. Et comble de l'ironie, jeudi lors de notre passage, un individu est venu nous proposer un lot de terrain de 250 m2 à 25 000 dinars. Ce dernier, selon des témoignages recueillis sur les lieux, était arrivé dans une luxueuse voiture, s'était approprié 5 lots qu'il proposait aux nouveaux venus. Avant notre départ, il avait réussi à les fourguer à une famille de Relizane et à 4 jeunes qui ne sont même pas originaires de la localité de Hassi Bounif. Vendredi, ce fut la ruée vers deux autres parcelles situées dans la même commune. Des gens s'appelaient par téléphone pour inviter leurs proches, souffrant de la crise de logement, à venir se servir. Une bataille rangée a même éclaté entre certains à propos de délimitation de lots. Hier les premières baraques commençaient à fleurir, compromettant ainsi les efforts des pouvoirs publics de parvenir un jour à l'éradication des bidonvilles et de l'habitat précaire. Dans la journée, deux autres parcelles situées non loin du lycée de Kharrouba à Hassi Bounif ont été prises d'assaut par des individus venus on ne sait d'où. Ces terrains, biens publics et d'une coopérative agricole collective faisaient hier l'objet d'un dépeçage en règle devant le regard impuissant de leurs exploitants qui avaient promis de recourir à des actions en justice en référé pour faire cesser «ce coup de force insensé et illégal de certains individus qui n'ont pas hésité à recourir à la loi de la jungle pour s'approprier ce qui ne leur appartient pas», dira un propriétaire. Et à l'heure où nous mettons sous presse, ces sites continuent de connaître l'afflux d'individus venus de nulle part pour construire une baraque qui sera, plus tard, un moyen de faire pression sur les autorités de la commune pour les amener à leur accorder un toit, mettant ainsi un coup d'arrêt à la dynamique de règlement de la crise de logement engagée ces dernières années. En somme c'est le règne du «b'ni oueskout» qui revient en force et qui menace de faire des émules à travers la wilaya.