La majeure partie du foncier détourné a été affectée à l'urbanisation et les acquéreurs privés en tirent les dividendes. «Qu'on le veuille ou non, la wilaya d'Oran est à vocation agricole», a plaidé un élu connu pour ses positions fermes contre toute forme de bradage des terres agricoles à des fins d'urbanisation. «Les terres agricoles doivent être affectées à la relance agricole et non à l'urbanisation», a-t-il souligné en tirant la sonnette d'alarme. En effet, quelque 125 cas graves de détournements des terres agricoles viennent d'être recensés par les services ayant pris à leur charge le recensement des biens agricoles attribués mais détournés de leur vocation initiale. Plusieurs bénéficiaires ont usé et abusé en détournant des surfaces importantes pour les céder à des tierces à des prix exorbitants. La majeure partie des terres détournées a été affectée à l'urbanisation. Les acquéreurs privés tirent paisiblement les dividendes au demeurant de l'article 04 du décret exécutif n°6051 interdisant formellement l'affectation des terres agricoles à des fins d'urbanisation. Le même décret stipule que les terres agricoles sont exploitées dans le seul et unique cadre qui est l'agriculture considérant qu'elles (les terres agricoles) relèvent du patrimoine agricole. Le contentieux est d'autant grave que les services concernés sont plus que décidés à passer à l'action. «Tous les dossiers relatifs aux exactions commises au détriment de la loi et de l'agriculture sont transmis à la justice qui se chargera de donner suite» affirme-t-on. Les communes de Bir El Djir et d'Es Senia constituent le réservoir, par excellence, des terres à détourner. Deux décennies de disette et de vacance des institutions d'Etat ont été fatidiques pour le foncier de la wilaya d'Oran. Ainsi, pendant que tous les moyens de l'Etat ont été orientés vers la lutte contre le terrorisme, les plus futés ont mis à profit ces circonstances pour détourner le foncier agricole. Les pouvoirs locaux et hiérarchiques font actuellement face à d'innombrables problèmes liés aux malversations. Le dossier du foncier qui a été ouvert par le département de Tayeb Belaïz serait, à plus d'un titre, révélateur bien que le silence total continue à entourer le dossier. Aucun rapport n'est rendu public alors que les plus avertis attendent impatiemment les conclusions du rapport ministériel. L'ouverture d'une enquête judiciaire aboutirait, sans aucun doute, à l'implication non seulement des bénéficiaires des terres agricoles mais aussi et certainement à la mise en cause des responsables qui auraient longuement fermé les yeux sur des cas avérés de dépassements. Le béton a envahi tous les pourtours d'Oran rétrécissant les espaces agricoles. En raison des assiettes favorables à l'urbanisation qu'elles présentent et l'extension de celle-ci vers l'est d'Oran, les terres fertiles de la commune de Bir El Djir ne sont plus que béton. En effet, en un court laps de temps, plusieurs centaines de bâtiments ont vu le jour sur des fermes connues pour leurs productions abondantes. À ce titre, la réponse est trouvée. «Ces bâtiments là sont construits conformément à la loi vu que la wilaya d'Oran souffre du déficit flagrant en matière de logement» explique-t-on. Et la commune d'Es-Senia en est la plus grande victime. À Sidi El Bachir dans la commune de Bir EL Djir ou encore à Kara dans la municipalité d'Es Senia, le tissu agricole n'est plus une priorité. C'est ainsi que des bidonvilles ont vu le jour au su et au vu de tous. Récemment, le tribunal d'Oran a traité une nouvelle affaire liée au détournement d'un lot de terrains de 250 m² à Haï Ben Daoud dans la commune de Bir El Djir dans laquelle sont impliquées huit personnes dont le chef de service des réserves foncières de l'APC de Bir El Djir et une fonctionnaire du même service.