La cité 11 Décembre 1960 de Aïn Bénian est constituée de plusieurs lotissements occupés par une importante population en termes de nombre. Malgré cela, l'aménagement et la création des structures d'accompagnement font grandement défaut. La cité a besoin d'un marché de proximité, d'une station urbaine, mais surtout de la remise en état et le goudronnage des routes principale et secondaires. Constructions inachevées, quartiers manquant d'aménagement intérieur et une voirie difficilement praticable parce que complètement défoncée. Voilà, en gros, à quoi rassemble réellement les différents lotissements du 11 Décembre 1960 de la commune de Aïn Bénian. La cité se trouve sur les hauteurs de la ville. Elle est coincée entre le cimetière communal, en aval, un grand bidonville, en amont, et le Château Boumediène sur le flanc. Au-delà, sur le plateau de l'ancien Guyot-ville, les lotissements cèdent la place à plusieurs projets de construction de milliers de logements où de nouvelles cités commencent à prendre forme. Les constructions inachevées confèrent aux lotissements une image hideuse. L'anarchie dans ce domaine a été poussée jusqu'à l'extrême : bâtir des maisons dans le lit d'un oued qui se reconstitue à chaque importante chute de pluie. «Les gens ont acheté des terrains et chacun a construit suivant son propre rythme. De toutes les façons, les constructions inachevées ne sont pas propres au 11 Décembre, ni d'ailleurs à la commune de Aïn Bénian. C'est un problème national», observe un résident. Quand on entre dans les quartiers, à partir de Château Boumediène, et qu'on prenne la route qui descend vers le cimetière, le visiteur a l'impression de foncer directement dans la mer. De là, on a une vue magnifique sur la grande bleue et l'ancien village de Aïn Bénian. «C'est peut-être la seule distraction qui s'offre à nous», ajoute cet habitant. C'est que, en plus des constructions toujours en chantier et qui agressent le regard, cette partie de la commune manque encore de commodités. Pour faire ses achats, surtout les fruits et légumes, les habitants doivent solliciter les commerçants forains ou ceux qui prennent place à l'entrée d'une école primaire au beau milieu des lotissements. Le projet de marché de proximité n'a pas connu une fin heureuse. Le chantier, devenu presque une décharge sauvage, est livré à toutes les dégradations. Sur le portail, des gens inspirés ont écrit : «Non au marché de la corruption !» Cela renseigne sur les raisons de l'arrêt des travaux de construction. Sans marché, mais aussi sans station de transport urbain. Malgré l'importance de la population résidente, les bus des transporteurs privés sont stationnés dans un rond-point situé en face d'un établissement scolaire. De plus, pour retirer de l'argent de la poste, il faut se rendre au centre-ville. Le seul bureau de poste de toute l'agglomération propose à ces clients de connaître uniquement leurs avoirs. «C'est complètement absurde. Ce bureau de poste doit étendre ses services. A quoi sert-il alors si les clients ne peuvent pas retirer leur argent ?», s'interroge-t-on. L'état de la voirie constitue également un sérieux handicap. Les routes principales sont étroites, pleines de crevasses et surtout dépourvues de trottoirs. Les voies secondaires conduisant à l'enceinte des cités sont à l'état de pistes fortement accidentées. «Nous attendons encore l'aménagement de la voirie. Les routes nous posent problème surtout en ce temps de pluie», affirme-t-il. Côté loisirs, les jeunes semblent refuser de se donner de la peine d'aller jusqu'au stade aménagé sur les hauteurs de la cité ou celui de la forêt de Baïnem toute proche. Au lieu de cela, ils préfèrent jouer au ballon dans la rue, au milieu des voitures en circulation.