Après avoir été pendant de longues années spoliée des terres fertiles, mal exploitée et polluée, la Mitidja bénéficiera d'un nouveau programme destiné à la développer et à la réhabiliter. A l'occasion du premier atelier organisé hier à l'Institut national de recherche agronomique, un état des lieux peu reluisant a été brossé. «Nous allons accompagner les agriculteurs et les éleveurs de la Mitidja», a annoncé Sid Ahmed Ferroukhi, secrétaire général du ministère de l'Agriculture et du Développement rural. Les techniciens des différents instituts agricoles seront mobilisés pour porter assistance au monde agricole de cette zone délaissée. Pour connaître les contraintes, des sous-ateliers ont été organisés pour définir les actions appropriées à adopter. «Nous sommes arrivés à une limite sur le plan du développement de la région», a alerté Sid Ahmed Ferroukhi. Après avoir agi de manière individuelle avec les intervenants agricoles, une nouvelle démarche est déjà retenue, axée sur une action intégrée à laquelle sont associés les 10 instituts techniques sous tutelle du ministère de l'Agriculture, les universités et les centres de recherche de la région, les agriculteurs et les éleveurs. Des opérateurs économiques et des responsables locaux seront également associés au programme qui concernera les wilayas d'Alger, Blida, Boumerdès, Tipaza et Aïn Defla. Des programmes de filières seront développés et il est même question de labéliser les produits agricoles de la Mitidja. Cependant, la plus importante difficulté à laquelle devront réfléchir les pouvoirs publics est de «concilier les besoins de l'urbanisme et la demande de consommation exprimée par la population qui l'habite». La demande en logement est très importante au niveau des grandes villes qui accusent un grand déficit en terme d'assiettes foncières. Mais ceci ne justifie nullement le détournement des terres agricoles fertiles pour ériger des constructions. D'ailleurs, estime le responsable, la construction sur les terres de la Mitidja ne se fait plus de la même manière qu'auparavant puisque la loi d'orientation agricole promulguée depuis 2008 prévoit des mesures strictes pour l'utilisation des terres agricoles dans la construction. L'avancée du béton doit cesser «C'est de la délinquance», a-t-il dit concernant la situation actuelle de l'urbanisation dans la région de la Mitidja. Pour y remédier et mettre un terme à l'anarchie qui s'est confortablement installée, l'Etat pourra même intervenir au niveau des terres agricoles appartenant aux particuliers. Il est question, à travers le nouveau programme, de développer les filières de l'agrumiculture et arboriculture fruitières, des cultures maraîchères, de l'élevage des vaches laitières, des cultures fourragères et de réhabiliter les zones piémonts et de montagnes de la région. Intensification des cultures maraîchères Un projet d'intensification des cultures maraîchères autour des grandes villes est également envisagé, a annoncé le responsable du ministère. Rencontré en marge de l'atelier, Hocine Irekti, directeur de l'Institut national de recherche agronomique, a expliqué que le programme, qui sera arrêté, définira les priorités pour cibler les actions à mener. Certaines contraintes, qui seront définies par les représentants du monde agricole, seront vite résolues, prévoit le même responsable. Il a indiqué, par ailleurs, qu'un Comité de pilotage coprésidé par l'INRA et l'Institut national de la recherche forestière (INRF) mettra en synergie les moyens humains et matériels pour intervenir, le plus efficacement possible, auprès des agriculteurs et des éleveurs et prendre en charge les contraintes du secteur agricole dans la Mitidja. D'autres programmes similaires seront prévus pour les régions sahariennes et agro-pastorales, a-t-il annoncé. Des fellahs rencontrés en marge de l'atelier ont estimé que le programme est proposé tardivement, car la Mitidja a déjà beaucoup perdu de sa valeur d'autrefois. Les actions salvatrices doivent, à cet égard, être concrétisées dans les meilleurs délais, ont-ils souhaité.