L'Organisation des pays producteurs de pétrole (OPEP) a décidé comme prévu de maintenir ses quotas de production de pétrole lors de sa réunion extraordinaire en Angola, a annoncé, hier, Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines. À l'issue de la réunion extraordinaire de l'Opep dans la capitale angolaise, Luanda, le ministre a déclaré que les pays membres de l'organisation ont décidé d'un maintien de l'objectif global de production, fixé depuis début janvier 2009 à 24,84 millions de barils par jour (mbj). Comme attendu, cette déclaration vient confirmer les récentes déclarations des différents ministres du Pétrole des pays de l'Opep qui ont déjà affirmé qu'un consensus avait été trouvé sur la question. Seule l'Arabie saoudite, premier producteur de l'Opep, pourrait procéder à une baisse de sa production. Son ministre du Pétrole Ali Al-Nouaïmi a révélé que son pays pourrait envisager une baisse de sa production pour faire de la place au sein de l'Opep à l'Irak qui ambitionne de quintupler sa production d'ici à 2016. Avant l'ouverture de la réunion de l'organisation, il a expliqué à la presse que « (cela dépendait) de ce que sera la demande» et «du niveau de production des différents membres de l'Opep». Après l'attribution la semaine dernière de sept champs pétrolifères à des compagnies étrangères, l'Irak ambitionne de quintupler sa production d'ici à 2016 afin d'avoir une capacité de 12 millions de barils de pétrole par jour (mbj). L'Arabie saoudite pourrait être gênée par cette montée en puissance qui pourrait créer des surplus sur le marché. A l'ouverture de la conférence à Luanda, Ali Al-Nouaïmi, qui s'est voulu rassurant, s'est dit «sûr que l'Irak sera un membre constructif de l'Opep (...). Ils sont en train de décrocher de très bons contrats». Même si le maintien de la production de l'organisation à son niveau actuel a été confirmé, le ministre saoudien a mis en garde quant au «déclin de la demande, constant dans beaucoup d'endroits». La reprise économique inquiète toujours Le maintien du niveau actuel de la production de l'or noir est décidé dans un contexte économique encore marqué par des incertitudes sur la reprise économique. «Des doutes sur la reprise économique persistent», a affirmé le président en exercice de l'Opep et ministre du Pétrole de l'Angola, José Maria Botelho de Vascocelos. Il s'est également inquiété d'un arrêt prématuré des plans de relance et de la montée du chômage. Dans son discours inaugurant la première réunion de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) en Angola, il a évoqué les «incertitudes persistantes dans le secteur financier et les craintes sur la vigueur de la croissance», en raison du chômage et «de la crainte que les plans de relance économique ne s'arrêtent trop rapidement». Pour ce qui est du marché pétrolier, la demande «présente un tableau mitigé». Au moment où la croissance de la consommation s'améliore dans les pays émergents, «l'OCDE reste en territoire négatif», a-t-il déclaré. Le président s'est par ailleurs inquiété du niveau «élevé» des stocks pétroliers, une crainte exprimée par plusieurs ministres avant la réunion. Les stocks de pétrole s'affichent, en effet, à des niveaux historiquement élevés aux Etats-Unis. Selon l'Agence internationale de l'Energie, 55 millions de barils de brut et 98 millions de barils de produits pétroliers s'entassaient dans des bateaux à l'ancre. Le ministre angolais a toutefois jugé que «la reprise économique avait fait du chemin» par rapport à la dernière réunion de l'organisation, en septembre dernier à Vienne. Et de remarquer que «davantage de pays de l'OCDE émergent de la récession et la croissance s'accélère dans les pays émergents, spécialement en Asie». La relance des projets garantie A l'image des différents Etats membres de l'organisation, M. Bothelo de Vasconcelos s'est félicité de la remontée des prix du brut, qui évolue aux alentours de 75 dollars. Tombés à quelque 32 dollars un an plus tôt, ils évoluent depuis plusieurs mois entre 70 et 80 dollars, un niveau jugé satisfaisant par les producteurs. «Les prix sont remontés à des niveaux confortables. C'est une bonne nouvelle pour les capacités et l'avenir de la production. Certains projets qui avaient été suspendus ont déjà été relancés» au sein de l'Opep, a-t-il déclaré. En raison du manque de liquidités et de l'effondrement des cours du brut, l'Opep avait annoncé fin 2008 l'ajournement de 35 projets pétroliers. Juste après l'annonce du maintien du niveau de la production à son niveau actuel, les cours du brut étaient en légère baisse en début d'échanges européens. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février s'échangeait à 72,69 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres. Le baril de brut léger texan (WTI), échangé au New York Mercantile Exchange (Nymex) pour la même échéance, est de 73,38 dollars.